1882

White Fathers’ Diary in Buganda

Diaire des Pères Blancs au Buganda 

 

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janvier févrieravril – juillet  – août (1 & 2)septembreoctobre (1, 2 & 3) – novembre

REDACTEURS : 

Diaires 1 & 2 : 01/01/1882-07/11/1882 : GIRAULT

 

Mutesa, avec ses principaux dignitaires (seule photo connue …

 

… et sa version gravure)

 

Δ

Janvier 1882 – pp.306 & 309

Lundi 4 janvier 

[Séance consacrée à une danse par les dames de la Cour. O’Flaherty amuse les Grands par l’intérêt qu’il semble y prendre.]

Lundi 11 janvier 

[O’Flaherty se moque d’un Grand qui chante, et chante lui-même. Cela amuse le Roi qui lui donne un bœuf.]

Monday, January 4th

[During the session, a dance by the Ladies of the Court. O’Flaherty’s apparent interest amuses the Grands .]

Monday, January 11th 

[O’Flaherty mocks a Great who sings, and sings himself. It amuses the King who gives him an ox. ]

Lundi 16 janvier 

 Monday, January 16th

 (suite) : … l’autre jour pour son chant. Aujourd’hui, il exécute un chant anglais, mais il n’est pas goûté comme l’autre jour. … the other day for his song. Today he performs an English song, but it is not appreciated like the other day.

Mardi 17 janvier

 Tuesday, January 17th

Je monte a Mbuga. Le jeune catéchumène qu’on avait frotté d’huile de créton * résidu du suif de porc ou de boeuf il y a quelque temps pour l’arracher à la malheureuse situation dans laquelle il se trouvait par suite de l’infâme passion du Roi pour lui, s’est de nouveau trouvé il y a quelques jours dans le même danger. Mutesa le voyant guéri, l’a de nouveau appelé mais le pauvre enfant sortit vainqueur de cette dangereuse occasion ; pendant que le roi lui faisait ses infâmes propositions, lui répétait avec ferveur: Gloria patri, etc… Il refusa et par un hasard tout-à-fait extraordinaire, le Roi le laissa tranquille. 

D’après un bruit ignoré même du roi et des Grands à part Kangawo, les Turcs seraient absolument maîtres du Bukedi et sur le point de s’emparer de Mruli. Kangawo seul qui a son territoire de ce côté connaît la nouvelle ; c’est un catéchumène qui se trouvait chez-lui hier qui nous l’a communiquée.

Il y a quelques jours Kabarega * Omukama (souverain) du Bunyoro avait envoyé dire à Mutesa que les Bakedi avaient battu les Turcs ; mais c’était une blague, paraît-il, pour engager Mutesa à se joindre à lui.

I go up to Mbuga.  The young catechumen who had been rubbed with creton oil * some time ago to save him from the unfortunate situation in which he found himself as a result of the King’s infamous passion for him, found himself again a few days ago in the same danger. As he saw him healed, Mutesa called him again but the poor child came out victorious of this dangerous occasion; while the king made his vile proposals, himself was fervently repeating: Gloria patri, etc… He refused and by an extraordinary chance, the King left him alone. 

According to a rumor ignored even by the king and the Grands except Kangawo, the Turks took over the whole of Bukedi and are about to seize Mruli.  Only Kangawo, who has his territory on this side, is informed; it was a catechumen who was at his place yesterday who communicated it to us.

A few days ago Kabarega * Omukama (King) of the Bunyoro had sent a messenger to Mutesa to tell him that the Bakedi had beaten the Turks; but it was a joke, it seems, to persuade Mutesa to join him.

Mercredi 18 janvier 

 Wednesday, January 18th

La nouvelle maison avance peu à peu.

Le P. Lourdel monte chez le Roi ; composition en costume.

The work on the new house progresses slowly by slowly.

Fr. Lourdel goes to the king’s. 

Jeudi 19 janvier 

 Thursday, January 19th

Le Roi envoie demander une paire de ciseaux ; on lui en envoie une.

Le P. .., monte à Mbuga ; le roi fait chanter un de ses camarades d’enfance. Visite de Kaggo.

The king sends to ask us for a pair of cissors. We send him one.

Fr. … goes up to Mbuga; the king makes one of his childhood comrades sing. Visit of Kaggo.

Vendredi 20 janvier

 Friday, January 20th

Hier soir, un catéchumène qui demeure loin d’ici est venu nous voir pendant la visite. Après le souper, nous lui demandâmes comment il n’avait pas peur de venir la nuit. Peur ! mais c’est mon devoir de venir vous voir ; ne pouvant venir pendant le jour, je viens pendant la nuit. Pourquoi aurais-je peur? Un autre à qui on faisait la même question pour la même raison avait répondu que quand on va voir ses (…) Last night, a catechumen who lives far from here came to see us. After dinner, we asked him whether he was not afraid to come at night. Fear! but it is my duty to come to you. I cannot come during the day, I come during the night. Why should I be afraid? Another who was asked the same question for the same reason answered that when one goes to see ones (…)
 

 

Lundi 23 janvier 

 Monday, January 23rd

 (…) enfants eux-mêmes n’y sont pas étrangers. On nous affirme qu’il y a de tout petits enfants qui demandent à leurs parents ce qu’il y a là-haut en montrant le ciel. D’autres voyant un mort demandent où il est allé. (…) even children are concerned. We are told that there are very small children who ask their parents what is up there and show the sky. Others who see a dead man ask where he went.

Mardi 24 janvier 

 Tuesday, January 24th

Un peu de pluie cette nuit.Le P. Lourdel monte à Mbuga, mais ne voit pas le Roi. Dans l’après-midi, orage et pluie. Little rain last night. Fr. Lourdel goes to Mbuga, but does not see the king. In the afternoon, storm and rain.

Mercredi 25 janvier 

 Wednesday, January 25th

 Le P. Livinhac monte à Mbuga. Il voit Sa Majesté qui reçoit les Bakoli (tribu de l’Usoga) qui lui apportent l’omasanga * Tribut payé par allégeance, probablement en ivoire (ssunga). Le mulangira * prince, fils de roi  Mwanga envoie nous saluer. Le Gabunga * principal oncle maternel du roi empiète sur le nsiko * brousse, forêt ou étendue sauvage que le Roi nous a donné et qui se trouve au bout de notre bananeraie. Le P. Lourdel va le trouver et s’arrange à l’amiable. Il n’a pas voulu empiéter. Le Père a trouvé Mwanga chez Gabunga et lui a donné un doti * dhoti : pièce de tissus d'environ 4m - mesure indienne de bafuta. Il demande du merikani * étoffe de valeur, venant des Etats-Unis (?) au Père. Celui-ci le prie d’attendre à plus tard. De tous les Balangira, c’est le plus aimé de son père, beaucoup s’accordent à dire que c’est lui qui succédera à son père. Aussi nous appliquons-nous à le bien traiter. De son côté, il nous témoigne de l’amitié et de la confiance. Fr. Livinhac goes up to Mbuga. He sees His Majesty receiving the Bakoli (tribe of Usoga) who bring him omasanga * Tribute paid by allegiance, probably in ivory (ssanga). The mulangira * prince, son of a king Mwanga sends greetings. The Gabunga * major maternal uncle of the king encroaches on the nsiko * bush, forest or wilderness we had been given by the King and that is at the end of our banana plantation. Fr. Lourdel goes to see him and settle out of court. He did not want to encroach. The Father found Mwanga at Gabunga’s and gave him a doti * dhoti : Indian length unit for material - about 4m. of bafuta. He asks Father for merikani * expensive fabric . He is told to wait until later. Of all the Balangira, he is his father’s most loved, many agree that he is the one who will succeed his father. So we try to treat him well. He shows us friendship and trust.

Jeudi 26 janvier

 Thursday, January 26th

Temps sombre une partie de la matinée. Le Roi qui avait paru laisser Mutagwanya pendant quelques jours, est revenu à la charge avant-hier. Il a voulu le forcer à aller se coucher avec une Mbeja * femme . Mutagwanya a généreusement refusé. Le Roi ne sait ce que cela veut dire. Il pourrait bien se faire qu’il le fasse tuer. Il est venu ce matin nous prévenir de tout cela et nous dire qu’il pourrait bien se faire qu’on le le vît plus. Ce pauvre enfant paraît bien décidé à plutôt mourir que de consentir aux infâmes ordres du Roi. J’ai mal à l’oreille gauche. Dark weather part of the morning. The King who apparently had left Mutagwanya alone for a few days, came back to the charge the day before yesterday. He wanted to force him to go to bed with a Mbeja * femme . Mutagwanya generously refused. The King does not know what that means. He may as well get him killed. He came here this morning to warn us about all this and to tell us that it might well be possible for us to see him no more. This poor child seems determined to die rather than consent to the vile orders of the King. I have pain in my left ear.

Vendredi 27 janvier

 Friday, January 27th

Le P. Lourdel monte à Mbuga où il rencontre Mr Flaherty. Il voit le Roi, rien de particulier. Mr Flaherty vient nous voir. Il nous dit que Stanley après son voyage s’est fait catholique. Il nous dit que depuis longtemps ils ont l’ordre d’abandonner la mission ici … ?? Le P. Lourdel va avec les enfants chercher des planches. Il rentre très fatigué. Fr. Lourdel goes up to Mbuga where he meets Mr. Flaherty. He sees the King, nothing special. Mr. Flaherty comes to see us. He tells us that Stanley after his trip became a Catholic. He tells us that for a long time they have been ordered to abandon the mission here …?  Fr. Lourdel goes with the children to look for planks. He comes back very tired.

Δ

Février 1882 – pp.312-314 & 317

Vendredi 3 février 

Friday, February 3rd
(…) les Blancs. Ils ont dit qu’à la fin du monde, il devait y avoir des guerres sanglantes dans tout l’univers ; cette fin du monde étant proche (9 mois d’après ces hautes intelligences), nous sommes venus nous fixer pour faire cause commune avec les Turcs quand le moment sera venu et manger le pays. Les Blancs sont forts sur mer, mais sur terre ils sont faibles, ils ont besoin des Noirs. Ces Arabes ne perdent pas une occasion de nous discréditer ; quand l’un de nous est présent, ils parlent mal des Anglais, et vice-versa ; quand il n’y a ni Français ni Anglais, alors tous les Blancs sont mis dans la même balance. Le marché ne semble pas réussir. Les Wangouana * ici, Arabes sont allés se plaindre au Roi ce matin qu’ils ne trouvaient pas à acheter leur nourriture. (…) the white people. They said that at the end of the world, there must be bloody wars all over the universe; this end of the world being near (9 months according to these high intelligences); that we came to settle down to make common cause with the Turks when the time comes and eat the country. White people are strong at sea, but on land they are weak, they need black people. These Arabs do not lose an opportunity to discredit us; when one of us is present, they speak ill of the English, and vice versa. When there is neither French nor English around, then all white people are put in the same basket. The market doesn’t seem to be working. The Wangouana * here, Arabs went to complain to the King this morning that they could not find to buy their food.

Samedi 4 février 

Saturday, February 4th

Le P.Levesque, malgré le mauvais état de ses jambes, a cru pouvoir se rendre à Mbuga. Il a eu de la peine à faire le trajet.

A la séance, le Roi a remis sur le tapis la fin du monde et a prétendu que quand les Anglais arboraient leur drapeau quelque part, c’était qu’ils avaient l’intention de s’emparer du pays; exemple : Zanzibar. Mr.Flaherty a répondu que ce n’était pas vrai et a expliqué que le drapeau était arboré en signe d’amitié d’un pays avec un autre. Ainsi, dit-il, à Londres, les drapeaux de chaque nation sont arborés; ces cafars eux-mêmes en désignant les Arabes, ajouta-t-il, ont le leur. Et je veux que toi aussi tu aies à Londres ton drapeau et ton consul. Il faut que quand je partirai, tu me donnes un homme intelligent pour l’amener en Angleterre. Je ne veux pas un homme comme ces trois qui sont venus. Mutesa parut satisfait de l’explication. “Mais, répliqua-t-il, comment se fait-il que la reine de l’Angleterre s’occupe tant de l’Ouganda si elle ne veut pas s’en emparer ?” La raison lui répondit le vieux, c’est qu’elle a entendu parler de toi par tous ceux qui sont passés par ici. Ils ont rapporté que tu les avais bien traités; qu’ils n’avaient jamais vu personne d’aussi généreux, d’aussi intelligent que toi. Tu as été jusqu’à donner une Mbedja * femme à Speke et à Stanley. Mutesa chez qui la louange est toujours bienvenue a été si enchanté de cette explication qu’il dit à toute la Cour de remercier le vieux, et à ses tambours de battre, et à ses clairons de sonner. Puis se tournant vers le vieux : “Je n’ai jamais trouvé personne, dit-il, qui parlât si bien que toi. Tu es mon ami. Que veux-tu que je te donne? Veux-tu une de mes filles ? Dis laquelle tu veux? Choisis. -Trop vieux”, répond le vieux …

“Mais Mackay ?”, reprend le Roi de plus en plus sous le charme du compliment.  “Mackay a le bolo * pénis trop petit.” et il montre la moitié de son petit doigt. Pendant ce temps-là, tout le monde crève de rire. “Que te donnerai-je ?” reprend Mutesa qui veut à tout prix prouver sa reconnaissance. “Veux-tu de l’ivoire ? -Oui. -Qu’on lui apporte la plus belle de mes masanga * défense d'éléphant .” On apporte aussitôt une magnifique défense d’éléphant pesant plus de quatre frasilias * ou franzella - unité de poids zanzibari, éq. à 35,3 livres ou 17kg . Kabaka la fait remettre à Mr.Fl. qui se mettant à genoux pour ‘kuyanza’ * remercier respectueusement accepte et la fait porter à la mission anglaise promettant à Sa Majesté qu’un tel don ne restera pas sans retour quand il sera de retour, etc. En attendant, il lui offre une belle montre en or. Mutesa le remercie : “J’en ai déjà plusieurs,” dit-il, et il en fait apporter une magnifique: “celle-ci ne va plus. Mackay pourrait peut-être la raccommoder.” L’Anglais décline devant l’offre disant que son confrère est Mnafu * paresseux . Entre confrères, on ne se gène pas ! Il serait facile de faire plus d’une réflexion sur une pareille scène. Mais à quoi bon ? Pauvres Protestants. Le malheur de tout cela est que peut-être bien des Baganda ne voient pas la différence qui existe entre eux et nous. Espérons que le Bon Dieu saura bien faire tourner cela à sa plus grande gloire et au salut de nos pauvres noirs.

Despite the poor condition of his legs, Fr.Levesque thought he could get to Mbuga. He suffered making the trip.

At the meeting, the King brought back the end of the world issue, and claimed that when the English wore their flag somewhere, it was their intention to seize the country; example: Zanzibar. Mr.Flaherty replied that this was not true and explained that the flag was flown as a sign of friendship between one country and another. Thus, he said, in London, the flags of each nation are flown; these cafars themselves,he added pointing to the Arabs, have theirs. And I want you to have your flag and your consul in London, too. When I leave, you must give me an intelligent man to bring him to England. I do not want a man like these three who went. Mutesa seemed satisfied with the explanation. But, he replied “How is it that the Queen of England cares so much for Uganda if she does not want to seize it?” The reason, the old man said to him, is that she’s heard of you from everyone who’s been here. They reported that you treated them well; that they had never seen anyone as generous, as intelligent as you. You even gave Speke and Stanley a Mbedja * woman . Mutesa, who always welcomes praise, was so delighted with this explanation that he told the whole court to thank the old man, and to his drums to beat, and to his bugles to sound. Then he turned to the old man: “I have never found anyone, he said, speaking as well as you. You are my friend. What do you want me to give you? Do you want one of my daughters? Say which one you want? Choose. -Too old”, the old man says …

“But how about Mackay?”, the King repeats, more and more under the charm of the compliment. ” Mackay has the bolo * penis too small.” And he shows half his little finger. Meanwhile, everyone is laughing. “What will I give you?” says Mutesa, who wants to prove his gratitude at all costs. “Do you want ivory? -Yes. -Bring him the best of my masanga * elephant tusk.” A magnificent elephant tusk weighing more than four frasilias * or franzella - unit of weight zanzibari, éq. 35.3 pounds or 17kg is immediately brought . Kabaka has it handed over to Mr.Fl. who kneels down for ‘kuyanza’ * to thank respectfully accepts and has it carried to the British mission, promising His Majesty that such a gift will not remain without return when he comes back, etc. Meanwhile, he offers him a nice gold watch. Mutesa thanks him: “I already have several,” he says, and he actually brings a magnificent one: “this one doesn’t work anymore. Maybe Mackay can fix it.” The Englishman declines the offer saying that his colleague is Mnafu * lazy . Among confreres, they don’t spare each other! It would be easy to make more than one reflection on such a scene. But what’s the point? Poor Protestants. What is unfortunate is that perhaps many Baganda do not see the difference that exists between them and us. Let us hope that God will know how to turn this to his greatest glory and to the salvation of our poor Blacks.

Lundi 6 février

Monday, February 6th

Le P.Lourdel est mieux de ses jambes; le P.Levesque en souffre toujours.

Le P.Lourdel va saluer le Roi. Bon accueil. Sa Majesté le fait venir auprès de lui. Le Père lui dit qu’il ne lui demande ni mbedja, ni masanga; mais seulement des pagis * troncs (de palmiers ?) . Qu’on lui en porte 30.

Mutesa enlève aux Grands le droit de “gnangagner * de kunyaga : piller ” et se le réserve pour lui. Il veut aussi que tous les msango * inculpé, personne traduite en justice aient le droit d’en appeler à lui. Le P.Lourdel félicite Mutesa de ces nouvelles ordonnances. C’est en effet un progrès ; nous ne pouvons que faire des vœux pour qu’elles soient exécutées. Pendant la séance Mwanga se trouvant à côté du Père, celui-ci dit au Roi qu’il n’a pas eu le plaisir de le voir dans sa jeunesse, mais qu’il la voit maintenant dans son fils. Ce petit compliment flatte Sa Majesté.

Nous achetons un jeune esclave Msoga * Musoga: originaire du Busoga pour un vieil habit et une vieille chemise. Nous lui donnons le nom de Fulgence.

Fr.Lourdel’s legs are better; Fr.Levesque still suffers from his own.

Father Lourdel went to greet the King. Nice welcome. His Majesty asks him to come near him. The Father tells him that he does not ask for mbedja or masanga, but only for pagis * trunks (of palm trees?) . “Go get 30 for him.”

Mutesa denies the Greats the right to “gnangagner * kunyaga: to loot, to plunder ” and reserves it for him. He also wants all msango * indicted, person brought to justice to have the right to appeal to him. Fr.Lourdel congratulated Mutesa on these new provisions. This is indeed progress; we can only make vows that they be implemented. During the session, Mwanga being next to him, the Father told the King that he had not had the pleasure of seeing him when he was young, but that he now sees him in his son. This little compliment flatters His Majesty.

We buy a young Msoga * Musoga: from Busoga slave for an old suit and ashirt. We call him Fulgence.

Mardi 7 février

Tuesday, February 7th
Je vais à Mbuga, mais le Roi ne paraît pas. M.Mackay va au Mkatalé * marché avec son chariot trainé par deux bœufs. Il revient sans avoir rien acheté. Le mkatale ne semble pas devoir réussir. I’m going to Mbuga, but the King doesn’t appear. Mackay goes to Mkatalé * market with his cart pulled by two oxen. He comes back without having bought anything. The mkatale does not seem to be successful.

Mercredi 8 février

Wednesday, February 8th

Le P.Lourdel va visiter sa Majesté. Pendant la séance, le katikiro donne au roi 80 chèvres. Le Roi confirme la réserve qu’il s’est faite de la peine de mort. Désormais lui-même veut juger les bakopi * les petites gens, gens du peuple . Les Grands seront jugés par le ministre. Applaudissements. A la fin de la séance, le roi offre des chèvres au P.Lourdel et il lui dit de dire lui-même combien il en veut. Le Père répond qu’il prendra celles qu’il voudra bien lui donner. Enfin Sa Majesté insistant, il en demande dix. Le Roi demande au Kurugi * Trésorier d’envoyer les plus grasses. Mutesa ayant appris d’un des Baganda qui sont revenus d’Angleterre, qu’en Europe, il y a des gens dont le métier est de vendre à boire et à manger, a ordonné qu’au Mkatale * marché on fît la même chose. Deux bœufs ont été tués et foumbés * kufumba : préparer, faire cuire. Des Grands eux-mêmes pour faire plaisir au Roi sont allés acheter à manger au Mkatale.

Dans la soirée, le Mukebezi * officier chargé de voir si le Palais est en ordre, chef de soldats, chargé de nous fournir les palmiers qui nous manquent, vient voir la maison. Le ministre et lui, craignant que le P.Lourdel se plaignît au Roi, l’ont prié de ne rien dire et que les palmiers viendraient sans retard.

Fr.Lourdel went to visit His Majesty. During the session, the katikiro presented the king with 80 goats. The King confirms his prerogative about the death penalty. Now he himself wants to judge bakopi * ordinary people, commoners . The Grands will be judged by the minister. Applause. At the end of the session, the king offered goats to Fr.Lourdel and he asked him to tell himself how many he wanted. The Father replies that he will take whatever himself wants to give him. Finally, His Majesty insists, the Father asks for ten. The King asks the Kurugi * Treasurer to send the fattest ones. Mutesa having learned from one of the Baganda who came back from England, that in Europe there are people whose job is to sell food and drinks, ordered that the same thing be done at Mkatale * market. Two oxen were killed and foumbed * kifimba : to cook. The Grands themselves to please the King went to buy food at Mkatale.

In the evening, the Mukebezi * officer in charge of seeing that the Palace is in good order, commander of soldiers, in charge of providing us with the palms that we need, comes to see the house. The minister and himself, fearing that Fr.Lourdel would complain to the King, begged him not to say anything and that the palm trees would be delivered without delay.

……..  
… le Katikiro les bois et l’herbe dont nous avons besoin pour le toit de notre  nouvelle maison. Il promet de donner des ordres. … the Katikiro the tree trunks and the grass we need for the roof of our new house. He promises to give the necessary orders.

Mardi 14 février

Tuesday, February 14th
Mukasa nous apprend que Soliman, à propos des paroles que le P.Lourdel dit au Roi il y a quelque temps au sujet des bois et des palmiers qu’il lui demandait, a assuré au Roi que c’était son magezi * sagesse, malice, ruse . Qu’il serait très content lui aussi (Lourdel) de recevoir de l’ivoire. According to Mukasa, Soliman, refering to what Fr.Lourdel told the King some time ago about the woods and palm trees he asked him for, assured the King that it was his magezi * wisdom, malice, ruse . That he (Lourdel) would also be very happy to receive ivory.

Mercredi 15 février 

Wednesday, February 15th
Le P.Lourdel va voir le roi; rien de particulier si ce n’est que Sa Majesté veut accaparer tous les simbis * cauris . Il demande au Père qu’il fait asseoir à côté de lui combien nous en avons. Fr.Lourdel goes to see the king; nothing special except that His Majesty wants to monopolize all the simbis * cowry shells . He asks the Father, sat beside him, how many we have.

Jeudi 16 février

Thursday, February 16th

Le P.Livinhac se rend à la Cour; longue séance, mais banale. Le roi voudrait empêcher les Wangouana * Arabes d’acheter avec des simbis.

Les Baganda seuls devraient acheter avec des simbis.

Fr.Livinhac went to the Court. Long  but banal session. The king would like to forbid Wangouana * Arabs to buy with simbis.

Baganda only should buy with simbis.

Vendredi 17 février

Friday, February 17th

Le P.Lourdel se rend à Mbuga. Pendant la séance, le roi décide que désormais le port ne sera plus à Entebbe mais à quelque distance de Lueza. Il se propose d’y établir une douane et défend les “niangagnages”. Il demande au vieux pourquoi il ne se fait pas couper les cheveux. Celui-ci répond qu’il le fera maintenant que le Katikiro a donné une jeune fille. Il est ensuite question du pont que Mackay a fait prés d’ici pour passer avec son chariot. M.Fl. dit au roi que s’il veut Mackay en fera d’autres à condition de faire payer un simbi à chaque voyageur. Et il ajoute que Mackay voudrait bien venir le voir avec son chariot. Le roi ne répond ni oui ni non.

Depuis quelque temps, nous enseignons aux enfants à lire et à écrire; afin d‘économiser le papier, nous avons fait un tableau que nous avons noirci avec de l’encre et pour écrire, nous nous servons d’une espèce de craie blanche. Cette craie étant assez rare, le P.Lourdel en demande au roi qui lui en fait montrer un morceau et promet d’en envoyer.

Au soir, un esclave du Kuruze * magasin, store, ici l’intendance du Palais apporte cinq morceaux de Noni * craie . Muzé serait, paraît-il, près d’arriver: nous l’attendons avec impatience.

Father Lourdel went to Mbuga. During the session, the king decided that the port would no longer be in Entebbe but some distance from Lueza. He intends to establish a customs office there and forbids the “niangagnaging”. He asked the old man why he does not have his hair cut. He replies that he will do it now that the Katikiro has given him a young girl. Then the topic becomes the bridge that Mackay buit near here to cross with his cart. Mr.Fl. tells the king that if he wanted, Mackay would build more of them, provided that each person pay a simbi to cross. And he adds that Mackay would like to come and see him with his cart. The king answers neither yes nor no.

For some time now, we have been teaching children to read and write; in order to save paper, we have made a board which we have blackened with ink and to write, we use a kind of white chalk. Since this chalk is rather scarce, Father Lourdel asked the king for some. The king shows him a piece and promises to send some.

In the evening, a slave of the Kuruze * store, here, the Palace stores brings five pieces of Noni * craie . Muzé is, it seems, about to arrive: we look forward to his arrival.

Lundi 20 février

Monday, February 20th
[Un Arabe dit au roi que O’Flaherty achète des femmes. Mutesa :] « S’il ne lui faut que cela, je vais lui en donner 30 pour lui corrompre le cœur et l’empêcher de penser à manger le Buganda. » [An Arab tells the king that O’Flaherty buys women. Mutesa:] “If that’s all he needs, I’ll give him 30 to corrupt his heart and keep him from thinking about eating Buganda.”

Jeudi 30 mars

Thursday, March 30th

[Namasole * reine-mère du Kabaka est morte.  Cris, etc.

En entendant ces cris, des bakopis * les petites gens, gens du peuple , croyant que c’était Mutesa qui était mort, en ont profité pour « gnangagner » ses bœufs. Les bakopis se proposent de s’attaquer aux Wangwana. Les Grands consternés et tremblants.

Les bakopis sont comparés aux Communards en France.]

[Namasole * Queen-mother of Kabaka is dead. Screams, cries, etc.

When these cries were heard, bakopis * les petits gens, gens du peuple , believing that Mutesa had died, took advantage of the opportunity to «gnangagner» his oxen. The bakopis intend to attack the Wangwana. The Grands are dismayed and trembling.

Bakopis are compared to the Communards * of France. ]

 

Δ

Avril 1882

Vendredi 1er  avril

Friday, April 1st

[Mutesa mécontent des Arabes.

Il donne l’ordre d’augmenter le prix du matoke, pour les atteindre ainsi.]

[Mutesa is unhappy with the Arabs.

He decides to increase of the price of matoke, hoping it will harm them.]

Lundi 4 avril

Monday, April 4th
[Les Anglais ont un chat.] The English have got a cat.

Mardi 5 avril 

Tuesday, April 5th
[Les Anglais avaient demandé 4 frasilias * ou franzella - unité de poids zanzibari, éq. à 35,3 livres ou 17kg (d’ivoire) pour prix du cercueil de Namasole.] [The English asked 4 frasilias * or franzella - zanzibari weight unit, approx. 35,3 pounds (of ivory) as the price for Namasole’s coffin.]

Samedi 16 avril

Saturday, April 16th
[12 seulement des enfants admis dans la chapelle. Les autres restent dans la salle des catéchumènes.] [Only 12 children are admitted into the chapel. The other ones remain in the cathecumens’room.]

 

Δ

Juillet 1882 – pp.361-364

 

Vendredi 14 juillet 

Friday, July 14th

Lwekura envoie la vache promise hier. Le commissionnaire va porter à Messieurs les Anglais leur huile de sésame (de 12 à 15 litres). Lwekura sends the cow that he promised yesterday. Our delivery man is sent to the English gentlemen with their simsim oil (between 12 and 15 litres).

Samedi 15 juillet

Saturday, July 15th

Le P. Lesvesque reprend le « kukiko » et a l’honneur de voir Sa Majesté. Dans la soirée, le P. Lourdel va demander des chèvres au Roi et lui porte des perles. Le Roi n’ayant pas de chèvres, lui fait donner 10 000 simbis. Father Lesvesque takes his turn to « kukiko ». and has the honor to see His Majesty. In the evening, Fr.Lourdel goes and ask the King for goats. He gives him a few beads. The King does not have any goat, so he gives him 10,000 simbis.

Lundi 17 juillet

Monday, July 17th

Le Roi fait commencer les travaux de la maison en terre. Le P. Lourdel passe une partie de la journée à les diriger. A la séance, le Roi lui témoigne plus d’attention que d’habitude. The King orders that the works on the earthen house should begin. Fr.Lourdel spent part of the day supervising them. At the meeting, the King pays more attention to him than usual.

Mardi 18 juillet 

Tuesday, July 18th

Le P. Lourdel retourne diriger les travaux. Father Lourdel goes back to supervise the construction works.

Mercredi 19 juillet

Wednesday, July 19th

De more. On commence les travaux projetés à la suite de la cuisine. De more. They start building the extension to the kitchen.

Samedi 22 juillet

Saturday, July 22nd

Le P. Lourdel va au Mbuga pour la maison et le P. Levesque va voir Sa Majesté. Rien d’extraordinaire. Father Lourdel goes to the Mbuga about the house, and Father Levesque to see Her Majesty. Nothing special.

Mardi 25 juillet 

Tuesday, July 25th

Hier soir, comme nous allions nous coucher, on tira sur un voleur qui mourut un quart d’heure après. Les enfants le transportèrent dans la maison du nsiko * brousse, terre non débroussailléeUn de nos néophytes vient nous prévenir qu’hier des sorciers dont le système consiste à lire l’avenir dans les entrailles des animaux ont déclaré que contrairement à ce qui avait été dit jusqu’ici, les Blancs n’avaient pas l’intention de manger immédiatement le Buganda, qu’ils n’étaient pas encore assez forts, qu’ils ne pouvaient lutter avec lui. Mais que maintenant en instruisant et s’attachant un certain nombre de petits, ils se préparaient à le manger à sa mort. Qu’alors ils tueraient les chefs et s’empareraient du pouvoir. Sa Majesté a répondu qu’elle pensait cela depuis longtemps, que c’était aussi pour cela que nous faisions des maisons solides faisant surtout allusion à celle des Anglais. Nous ne savons ce qui adviendra de tout cela. Ce qui est certain, c’est que la position ici semble se tendre de plus en plus précaire. Le démon n’est pas inactif, et aujourd’hui il est ce qu’il a été dans tous les siècles. Sa tactique n’a pas varié. A la garde de Dieu ! Cependant, c’est un motif pour nous de redoubler de bonne volonté et d’efforts. Pour mettre le Bon Dieu de notre côté, nous commencerons demain une neuvaine à la Ste Vierge. Intentions : Triompher des obstacles que nous a crée le démon. Pratiques : 1° Nos messes durant neuf jours. 2° Litanies de la Très Ste Vierge. 3° Nous renouveler dans la ferveur pour mettre le Bon Dieu de notre côté. « Petite et accipietis. »

Le P. Lourdel va à Mbuga pour la maison. Il prévient le Kurugi de ce qui est arrivé hier soir. Le Kurugi et tous sont contents. De mon côté, je me rends au Mbuga pour voir Sa Majesté. Après avoir attendu assez longtemps, je reviens sans l’avoir vu. Quelques temps après, le Roi fait appeler les deux ministres en particulier. Il s’agit probablement de la déclaration des sorciers. Encore une fois, à la garde de Dieu. Visite de Gabunga. L’homme tué hier est son esclave.

Last night as we were going to bed , a thief was shot. He died after 15 minutes. The children carried him into the house of nsiko * bush, uncleared piece of land .One of our neophytes just let us know yesterday that some wizards, who use to read the future in the entrails of animals, stated that contrary to what had been said, the Whites have no intention of eat Buganda immediately because they are not strong enough. They cannot compete with him [Mutesa]. But by educating a number of youth so as those ones get loyal to them, they are preparing to eat Buganda when he dies. Then they would kill the leaders and take power. His Majesty replied that he has been thinking about it for long, and that was also the reason why we are making solid houses, thus especially alluding to the English’s house. We do not know what all this will lead to. What is certain is that our situation here seems to get more and more precarious. The devil is not idle, and is now what he has been in all ages. His tactic has not changed. God guard us! However, this is a reason for us to redouble our efforts and goodwill. To put God on our side, we will begin tomorrow a novena to the Blessed Virgin. Intentions: Overcoming the obstacles created by the devil. Practices: 1 Our Masses during nine days. 2 Litany of the Most Holy Virgin. 3 To renew our fervor to put God on our side. ” Petite and accipietis” .

Fr.Lourdel goes to Mbuga for the house. He informs the Kurugi of what happened last night. The Kurugi and everybody are happy. As for me, I go to Mbuga to see His Majesty. After waiting long enough, I come back without seeing him. Some time later, the King summoned the two ministers for a special meeting. Probably about the wizards’report. Again, we leave it to God. Visit by Gabunga. The man killed yesterday was his slave.

Jeudi 27 juillet

Thursday, July 27th

Le P. Lourdel va comme d’habitude diriger les travaux. Il voit le Roi, il sort de la séance. Sa Majesté parle de son thème favori. As usual Fr.Lourdel goes to supervise the works. He sees the King, he walks out of the meeting. His Majesty speaks of his favorite topic.

Vendredi 28 juillet

Friday, July 28th

Le P. Livinhac se rend à la Cour, mais ne voit pas Sa Majesté. L’Arabe arrivé à Entebbe n’amène pas la caravane des Anglais. C’est un commerçant qui vient pour ses propres affaires. On dit qu’il a une très grande caravane, qu’il surpasse Soliman et Kambi Mbaya. Il vient sur le boutre de Ben Sif. Dans ce boutre sont, dit-on, les biuma * affaires personnelles, bagages des Anglais.Le Msibe venu hier soir nous dit que les sorciers baganda se plaignent de nous. Ils prétendent qu’à cause de nous, le lubali * esprit des ancêtres, génie, généralement mauvais se tait et ne s’empare de personne depuis la mort de la Namasole. Plaise à Dieu que ce soit vrai. Et si nous pouvions arriver à chasser complètement du Buganda cet infernal père du mensonge. M. Flaherty en revenant du Mbuga vient nous voir. Il emprunte 10 000 simbis pour faire de la chaux. Il a été au Mbuga demander du mbugo * étoffe d'écorce d'arbre pour tapisser leur nouvelle maison au Mbuga. On lui promet le rouge ( ?) sans le lui donner. Deux fois on le fait bwerere * bwereere : nu / bwerere : nu, gratuit - ici, les mains vides ?. Lui et Mackay désirent beaucoup lancer enfin un petit bateau à vapeur sur le lac. Nous l’encourageons.Le Roi et ses nobles sont contents de savoir qu’un Arabe arrive avec une grande caravane. Ces Arabes, dit le Roi, au moins servent à quelque chose, ils font le commerce, ils nous apportent ce dont nous avons besoin. Ce sont les enfants de la maison. Mais ces Blancs, à quoi servent-ils ? L’Arabe annoncé arrive à un bon moment et sera probablement bien reçu. En ce moment-ci, il n’y a pas un seul commerçant. Ceux qui veulent de l’étoffe ne savent pas où en acheter. Fr.Livinhac went to the Court, but did not see His Majesty. The Arab arrived at Entebbe does not lead the caravan of the English. He is a trader who comes for his own business. People say that he has a very large caravan that surpasses Soliman’s and Kambi Mbaya’s. He came on Ben Sif’s dhow. The biuma * goods, luggage, personal effects of the English are said to be in this dhow. The Msibe came last night and told us that the Baganda wizards complain about us. They claim that because of us, the lubali * ancestors'spirit, a (generally evil) genius is silent and possesses nobody since the death of the Namasole. God grant that this is true. And if we could get Buganda completely rid of this infernal father of lies. Mr. Flaherty returning from Mbuga comes to see us. He borrows 10,000 simbis to produce lime. He went to the Mbuga to request some mbugo * bark cloth to line their new home at Mbuga. He was promised the red (?) but was not given. Twice he is made to bwerere * bwereere : naked / bwerere : bare, free - here : empty handed ?. Himself and Mackay very much wish to launch a small steamboat on the lake, after so long. We encourage them. The King and his nobles were pleased to know that an Arab comes with a large caravan. These Arabs, the King said, at least are useful for something, they trade, they bring us what we need. They are the children of the house . But the Whites, of which use are they?The preannounced Arab comes at a good time and will probably be well received. These days, there is not a single trader. Those who want some stuff do not know where to buy any.

Samedi 29 juillet

Saturday, July 29th

M. Flaherty nous envoie une pièce de satini pour les 10 000 simbis d’hier. Le Ministre ayant demandé hier des perles, le P. Lesvesque en se rendant au Mbuga lui en porte quelques foundos pour les échanger contre des chèvres. Mais le Ministre est avec ses femmes quand le Père se présente. Il n’est pas reçu. Il n’est pas plus heureux chez le Roi : lui aussi est avec ses bakiola. Dans l’après midi, le Ministre envoie chercher les perles.Les trois femmes du kialo se sont sauvées depuis quelques jours, nous ne savons où elles sont passées. Mr. Flaherty sends us a piece of Satini in return of the 10,000 simbis of yesterday. The Minister having asked for beads yesterday, Fr.Lesvesque on his way to Mbuga brings him a few foundos to be exchanged against goats. But the Minister is with his wives when he comes. He is not received. He is no happier with the King: the latter is also with his bakiola. In the afternoon, the Minister sends for the beads.The three women of the kialo fled a few days ago, we do not know where they have gone.

Dimanche 30 juillet 

Sunday, July 30th

Depuis longtemps nous soupçonnions nos orphelins d’être corrompus. Mais hélas ! nous étions loin de nous figurer qu’ils l’étaient comme ils le sont. Nous en avons pris un [Cyprien] en flagrant délit et publiquement nous avons eu par lui des détails à faire frémir. Ce pauvre enfant en est venu à un tel point que nous ne croyons pas qu’il puisse se corriger quand même il en aurait le désir. Comme d’un autre côté il est cause de la corruption des autres, nous décidons au Conseil de le chasser. Nous le donnons à un de nos néophytes, Damulira. Celui-ci l’amène à son kialo. Cyprien en partant ne paraît nullement impressionné. Pauvre enfant. Pour moi, chargé de l’exécution, je ne pensais pas éprouver une si pénible impression. Vierge immaculée, priez pour nous et pour notre chère mission. For a long time we suspected our orphans to be corrupt. But alas! we could not imagine by far to which point. We took one  [Cyprien] in flagrante delicto and publicly he gave us horrible details. This poor child has reached such a point that we do not believe he can behave rightly again, even if he would desire to. Since, on the other hand, he is causing the corruption of the other ones, as a Council we decide to chase him. We give him to one of our neophytes, Damulira, who takes him to his kialo. When departing, Cyprien seems unimpressed. Poor child. Being in charge of enforcing the decision, I did not think I would experience such a painful feeling. Immaculate Virgin, pray for us and for our dear mission.

Lundi 31 juillet 

Monday, July 31st

Guillaume se sauve pendant la récréation de midi. Un de nos catéchumènes le reconnaît et nous le ramène. Comme il est déjà grand et ne réunit aucune des conditions requises, nous le renvoyons chez son ancien maître. Celui-ci étant dans le Busoga, nous confions Guillaume à un de nos néophytes en attendant que le Mooza * Musoga ? revienne. P. Livinhac va au Mbuga et revient sans avoir vu Sa Majesté. Le P. Lourdel qui dirige les travaux de la nouvelle maison se trouvant là quand le Roi parait, a l’honneur de le voir. Mutesa vante l’intelligence des Blancs. William escapes during the midday break. One of our catechumens recognizes him and brings him back to us. As he is old enough and does not meet any of the conditions, we return him to his former master. The latter being in Busoga, we entrust Guillaume to one of our neophytes until the Mooza * Musoga ? is back. Fr.Livinhac goes to Mbuga and returns without seeing His Majesty. Fr.Lourdel who supervises the work of the new house was present there when the King appeared and had the honor to see him. Mutesa praised the intelligence of the Whites.

Mardi 1er août

Tuesday, August 1st

Je monte au Mbuga. J’y trouve M.Flaherty qui, flegmatiquement couché dans le lit du kurugi, attend que Sa Majesté daigne paraître. Il apporte une pièce de bafta pour acheter des mbugo. Le Roi est avec ses bakiala et ne semble pas devoir se montrer. Cependant, sachant que M. Flaherty apporte une pièce de bafta, il le fait appeler et nous avec lui. Il ne reçoit que nous trois. Courte séance pendant laquelle Monsieur Flaherty fait des compliments au Roi. Celui-ci fait l’aimable. Il ordonne au Kurugi de donner 100 mbugo au vieux, non à cause de son bafta, mais parce qu’il est mugenyi [un invité]. I go to Mbuga. I find Mr Flaherty coolly lying in the bed of the kurugi, awaiting that His Majesty deigns appear. He brings a piece of bafta to buy mbugo. The King is with his bakiala and it seems he would not show. However, knowing that Mr Flaherty brings a piece of bafta, he does call him and we also. He sees only the three of us. Short audience during which Mr. Flaherty complimented the King, who plays kindness. He orders the Kurugi to give 100 mbugo to the old man, not because of his bafta, but because he is Mugenyi [a guest].

Mercredi 2 août

Wednesday, August 2nd

Le P. Livinhac se rend à la Cour et a l’honneur de voir Sa Majesté. Fr.Livinhac goes to Mbuga and has the honour to see His Majesty.

Jeudi 3 août 

Thursday, August 3rd

L’Arabe annoncé depuis plusieurs jours est arrivé aujourd’hui, mais il ne s’est pas encore présenté à la Cour. On dit que c’est un homme de Saina. Un des hommes arrivés par le boutre de Ben Sif a dit hier au P. Livinhac que les courriers anglais étaient chez Kaitawa, attendant une occasion pour venir jusqu’ici. The Arab preannounced several days ago arrived today, but he has not yet shown up at the Court. It is said that he is a man of Saina. One of the men arrived with Ben Sif’s dhow told yesterday to Fr.Livinhac that the letters for the English were in Kaitawa, awaiting an opportunity to reach here.

 Δ

Août 1882 – du 4 au 19 – pp. 365 à 368

Vendredi 4 août

Friday, August 4th

Hier soir, pendant notre visite, deux hommes de messieurs les Anglais sont venus nous apporter plusieurs petits paquets apportés par leurs courriers. Une lettre de Monseigneur en date du 14 janvier 1882, à l’occasion du massacre des Pères Richard, Pouplart et Morat. Plusieurs lettres personnelles.

Chronique trimestrielle (10 avril 1881) Missions Catholiques. France Nouvelle. Bulletin de Ste Monique. Les postes de Ndahourou et de Tabora définitivement constitués. P.Toulotte vient avec deux autres Pères et deux Frères. Pas de détails sur cette nouvelle caravane. P.Ménard nous annonce une trentaine de fusils et une cinquantaine de charges. Grâce à Dieu, notre petite Société prospère de plus en plus. Pour notre chère France, le mal hélas augmente tous les jours.

Dans la soirée, Conseil extraordinaire pour savoir quoi répondre au P.Ménard au sujet du ravitaillement qu’il annonce. Le P.Livinhac nous répond de ne nous envoyer que des objets personnels venus d’Europe et de garder en dépôt les valeurs. Dans le cas où des confrères viendraient pour  nous rejoindre ici, le Père les priera de s’établir entre Tabora et le lac.

Le Père Lourdel voit au Mbuga l’Arabe arrivé hier. Il lui fait l’effet d’un vilain être. Il prétend que nous n’avons pas de confrères dans l’Ounyanyembe.

Last night, during our visit, two men of the English came to bring us several small packages brought by their couriers. A letter from Monsignor dated January 14, 1882, on the occasion of the massacre of Fathers Richard, Pouplart and Morat. Several personal letters.

Quarterly chronicle (April 10, 1881) “Catholic Missions”.France Nouvelle”.Bulletin de Ste Monique”. The Ndahourou and Tabora stations  definitely established. Fr.Toulotte comes with two other Fathers and two Brothers. No details on this new caravan. Fr.Ménard mentions about thirty rifles and about fifty ammunitions. Thanks be to God, our little Society is prospering more and more. In our dear France, the evil unfortunately increases every day.

In the evening, Special Council to know what to say to Fr.Ménard about the supply he announces. Fr.Livinhac replies to send us only personal items from Europe and to keep the valuables on deposit. If confreres come to join us in this area, the Father will ask them to settle between Tabora and the lake.

At the Mbuga, Father Lourdel meets the Arab who arrived yesterday. He seemed to him an ugly being. He claims that we have no colleagues in Unyanyembe.

Samedi 5 août

Saturday,August 5th
Visite du P.Levesque à Mbuga. Il ne voit pas le Roi. Visit of Fr.Levesque to Mbuga. He does not see the king.

Dimanche 6 août

Sunday, August 6th
D’après nos néophytes, les vices connus aujourd’hui dans le Buganda ont été apportés par les Arabes. Le Roi non content de ses femmes et non content des mignons qu’il a pour Sodomie, veut que chaque Muganda ait son sodomite. Aussi ce vice est, paraît-il, à l’ordre du jour, même dans les kialos. According to our neophytes, the vices known today in Buganda were brought by the Arabs. The King not content with his wives and not content with the favourites he has for Sodomy, wants every Muganda to have his sodomite. So this vice is, it seems, the order of the day, even in the kialos.

Lundi 7 août

Monday, August 7th

L’Arabe nouvellement arrivé reçoit trente frasila * ou franzella - unité de poids zanzibari, éq. à 35,3 livres ou 17kg  du Roi pour les marchandises qu’il lui a livrées hier

Un catéchumène parti pour la guerre de Busoga a été tué. Un chef de Busoga (Kawanga) ayant refusé de venir voir le Kabaka, celui-ci envoie à Namutwe l’ordre de l’attaquer en revenant de son expédition et de le tuer.

The newly arrived Arab receives thirty frasila * ou franzella - zanzibari weight unit, approx. 35,3 pounds from the King for the goods he delivered to him yesterday

A catechumen who left for the Busoga war was killed. A leader of Busoga (Kawanga) having refused to come to see the Kabaka, the latter sends to Namutwe the order to attack him on his way back from his expedition and to kill him.

Mardi 8 août 

Tuesday, August 8th
Après le catéchisme, le P.Levesque et moi nous allons faire visite à messieurs les Anglais pour savoir quand repartira leur courrier arrivé il y a quelques jours. M.Flaherty est malade et paraît fatigué. Monsieur Mackay paraît également très fatigué. Toutes les nuits, ils sont obligés de veiller. Leur maison s’avance. Cependant, s’ils font tout ce qu’ils disent, elle n’est pas près d’être finie. Une pareille maison construite dans le Buganda est certainement un beau travail qui fait honneur à Mackay. Mais je trouve que cette maison n’est pas pratique car jamais les Baganda n’arriveront à l’imiter. Messieurs les Anglais nous disent que Ismaïli Bulusi, qui maintenant est à leur service, partira après demain, que si nous voulions lui confier quelques lettres, nous pourrons les leur envoyer demain soir. Mais le vrai courrier partira plus tard. Ils ont reçu quelques uns de leurs biuma mais les principaux sont encore à Sukuma. Ils attendent des confrères. After the catechism, Fr.Levesque and I go to visit the English gentlemen to find out when the courrier who arrived a few days ago will leave. Mr. Flaherty is sick and seems tired. Mr. Mackay also seems very tired. Every night, they are forced to stay awake. The building of house is moving forward. However, if they do everything they say, it wont be over soon. Such a house built in Buganda is certainly a beautiful work that honors Mackay. But I find that this house is not practical because the Baganda will never succeed in imitating it. The English gentlemen tell us that Ismaïli Bulusi, who is now at their service, will leave the day after tomorrow, that if we want to entrust him with some letters, we can send them tomorrow evening. But the real mail will leave later. They received some of their biuma but the main ones are still in Sukuma. They’re waiting for colleagues.

Mercredi 9 août

Wednesday, August 9th

Le Père Lourdel est indisposé. Je vais au Mbuga. Séance nombreuse, solennelle, absurde, dégoûtante : soldats sous les armes. Composition de Grands en toilette et en pose. Kurugi et Betigwe vont chercher deux beaux miroirs (1m² environ) et viennent successivement les placer devant chaque noble qui se mire et se contemple sous toutes les formes. Arrivée de la Mbeja, gardienne du tombeau de Suna (toujours habillée en homme, elle a aujourd’hui une chéchia et une belle peau de tigre). Toutes les bakiala * mukyala: Dame, fille ou femme, équivalent féminin de mwami et les bambeja présentes viennent l’embrasser. Danse d’une mkiala. Applaudissements chaleureux du Roi et de sa cour.

Le P.Livinhac me charge de l’économat.

Father Lourdel is not feeling well. I go to the Mbuga. Numerous, solemn, absurd, disgusting session: soldiers in arms. Exhibition of Grands, posing in full attire. Kurugi and Betigwe look for two beautiful mirrors (about 1m²) and successively place them in front of each nobleman who stands and contemplates himself in all angles. Arrival of the Mbeja, guardian of the tomb of Suna (always dressed as a man, she wears today a chechia and a beautiful tiger skin). All bakiala * mukyala: Lady, girl or woman, female equivalent of mwami and the bambeja present come to hug her. Dance of a mkiala. Warm applause from the King and his court.

P.Livinhac appoints me the bursar.

Jeudi 10 août 

Thursday, August 10th

Le ministre il y a quelque temps demanda à acheter des perles. Nous lui en envoyâmes pour la valeur de 6 000 simbis * cauris. En retour, il nous envoya une chèvre de 1200 simbis. Sans plus de vergogne, il envoie aujourd’hui nous prier de lui donner d’autres perles. C’est une vraie sangsue. Malheureusement, nous avons besoin de lui.

Le P.Livinhac  se rend à la Cour, mais Kabaka « talabika » * kulabika: apparaître . Au soir, le ministre envoie son homme demander des perles. J’en prends alors pour la valeur de 2500 simbis et je monte chez Katikiro. A la dernière porte, on me demande si j’ai apporté. Apporté quoi ? Je m’apporte moi-même et sans plus raisonner, j’entre. L’élégant ministre est avec ses dames (toutes en habit d’Eve). Je lui dis que je viens le voir, que nous n’avons point donné de perles à son homme, parce que notre usage est de faire nous-mêmes nos cadeaux sans intermédiaires, que je lui apporte peu de perles parce que nous en avons très peu. Nous ne les vendons pas. Nous n’en donnons qu’à lui et au Roi. Les Arabes nous les ont demandées à acheter, mais nous avons refusé. Quoique nous les donnions, nous accepterions volontiers certaines choses que nous avons plus de peine à nous procurer, comme chèvres, mbugo * étoffe d’écorce d’arbre , pioches. Le rusé ministre pendant ce temps fait semblant d’être distrait et répond d’une manière évasive. Mais pour qu’il ne se fasse pas illusion sur nos intentions, je lui répète que nous accepterions volontiers, que nous nous en rapportons à sa générosité. Après quoi, je reviens à la maison. Probablement le ladre n’enverra rien, mais au moins il sera peut-être moins libre de demander quelque chose à l’avenir.

The minister some time ago asked to buy pearls. We sent him some worth 6,000 simbis * cauris. In return, he sent us a goat of 1200 simbis. Without any shame, he sends us today to ask us to give him more pearls. He’s a real leech. Unfortunately, we need him.

Fr.Livinhac goes to court, but Kabaka «talabika» * kulabika: to appear. In the evening, the minister sends his man to ask for the pearls. I then take some for the value of 2500 simbis and I go up to Katikiro’s. At the last door, they ask me if I have brought. Brought what? I bring myself and without reasoning, I enter. The elegant minister is with his ladies (all in Eve’s dress). I tell him that I have come to see him, that we have not given his man pearls, because our practice is to make our gifts ourselves without intermediaries, that I bring him few pearls because we have very few. We don’t sell them. We only give them to him and the King. The Arabs asked us to buy them, but we refused. Although we give them, we would gladly accept some things that we have much trouble getting, like goats, mbugo * Bark Cloth , pickaxes. The cunning minister meanwhile pretends to be distracted and responds in an evasive manner. But so that he does not have any illusions about our intentions, I repeat to him that we would gladly accept anything in return, that we refer to his generosity. Then I come home. Probably the miser won’t send anything, but at least he may feel less free to ask for something in the future.

Vendredi 11 août

Friday, August 11th

Un Muganda accusé d’adultère avec une mbeja a été donné à garder à vue à un de nos plus fervents catéchumènes, Mponyebwonyi. Celui-ci, se fiant à son prisonnier, le délia et lui permit de circuler librement dans sa bananeraie. Mais lui-même s’étant absenté quelques jours, son prisonnier en profita pour se sauver avec sa femme. A son retour, le catéchumène et ses amis cherchèrent le fugitif pendant 4 jours, mais ce fut en vain. L’infortuné catéchumène est traduit en jugement et condamné à mort. Ainsi, il va payer de sa tête l’excès de sa bonté. Il est venu nous prévenir et nous demander le baptême. Le P.Levesque le prépare ce soir. Il sera baptisé demain matin pendant l’oraison. Il est parfaitement résigné à son sort, il est même content de mourir. Bientôt, dit-il, je serai au ciel. Ce n’est qu’à regret qu’il consent à en appeler du Katikiro au Roi comme ses amis le pressent de le faire. En attendant qu’il soit admis à plaider devant le Roi, il est libre. Un de ses amis, bon catéchumène lui aussi, est lié à sa place. Si le Roi confirme la sentence du ministre, il sera alors livré aux bamboa qui dans l’espoir de lui faire donner quelque chose, le couperont en morceaux avant de l’exécuter. On n’a pas idée de la cruauté de ces bamboa.

Le bruit court que Kabarega aurait tué 300 Turcs. Nous n’en croyons rien.

A Muganda accused of adultery with a mbeja was given in custody to one of our most fervent catechumens, Mponyebwonyi. The latter, relying on his prisoner, untied him and allowed him to move freely in his banana grove. But he himself having been absent for a few days, his prisoner took advantage of it to escape with his wife. On his return, the catechumen and his friends searched for the figitive for 4 days, but in vain. The unfortunate catechumen is taken for trial and condemned to death. Thus, he will pay with his head the excess of his goodness. He came to inform us and to ask us for baptism. Fr.Levesque is preparing it this evening. He will be baptized tomorrow morning during the prayer. He is perfectly resigned to his fate, He is even happy to die. Soon, he said, I will be in heaven. It is only with regret that he consents to appeal from the Katikiro to the King as his friends urge him to do. While waiting to be admitted to plead before the King, he is free. One of his friends, a good catechumen too, is kept as guarantee. If the King confirms the sentence of the minister, he will then be handed over to bamboa who, hoping to get something from him, will cut him into pieces before executing him. We have no idea how cruel these bamboas are.

There are rumours that Kabarega killed 300 Turks. We do not believe it.

Samedi 12 août 

Saturday, August 12th

Pendant l’oraison, le P.Levesque baptise le condamné à mort. Le P.Livinhac le confirme ensuite.

Le P. Lesvesque va à la Cour ; il revient sans voir le Roi.

During the prayer, Fr.Levesque baptises the man condemned to death. Afterwards, Fr.Livinhac confirms him.

Fr.Levesque goes to the Court. He comes back without seeing the king.

Dimanche 13 août

Sunday, August 13th
Kabaka Dieu ? Son Mbuga le Ciel ? Pendant les vêpres, on vient chercher Mponye Bwonyi. Is Kabaka God? Is his Mbuga Heaven? After vespers, people come to pick Mponye Bwonyi.

Lundi 14 août

Monday, August 14th

M.Flaherty va crier famine à la Cour. Le Roi lui fait donner une douzaine de régimes de bananes. M.Mackay est malade. M.Flaherty discute avec le P.Lourdel. Mariolâtrie. Ignorance du clergé. Ultramontanisme. Italiens ne veulent pas du Pape, etc. etc. Ce pauvre vieux semble vraiment avoir perdu la raison.

Mponye Bwonyi n’est pas condamné à mort. Il faut qu’il retrouve le fugitif. S’il ne le retrouve pas, il devra payer une forte amende. S’il ne peut payer l’amende, ce qui est certain, il sera vendu à la partie lésée et peut-être tué.

Mr. Flaherty went to Court to cry out in hunger. The King orders him to be given a dozen banana bunches. Mr. Mackay is sick. Mr.Flaherty discusses with Fr.Lourdel. Idolatry of Mary. Ignorance of the clergy. Ultramontanism. Italians not wanting the Pope, etc. etc. This poor old man really seems to have lost his mind.

Mponye Bwonyi is not sentenced to death. He must find the fugitive. If he does not find him, he will have to pay a heavy fine. If he cannot pay the fine, which is certain, he will be sold to the adverse party and may be killed.

Mercredi 16 août

Wednesday, August 16th
Visite de Mwanga. Il souffre de la faim comme les autres. Le Roi est tout fier d’avoir amené Mzee et Mohamedi à manger de la viande non tuée au Bismilla. Visit of Mwanga. He suffers from hunger like anybody else. The King is very proud to have convinced Mzee and Mohamedi to eat meat not killed according to the Bismilla.

Jeudi 17 août 

Thursday, August 17th
Le P.Livinhac va au Mbuga et revient sans avoir vu le Roi. Fr.Livinhac goes to Mbuga and comes back without seeing the king.

Samedi 19 août 

Saturday, August 19th

Un de ces derniers jours, M.Flaherty est allé voir la maison du * magasin, store où on entrepose les marchandises dont le P.Lourdel dirige les travaux. Il l’a dépréciée, et, pour témoigner son mépris, a fait semblant de vomir. Les gens du Kuruze qui ont raconté ça au Père disent que le vieux était ivre. Nous ne savons. Mais cela et la discussion de l’autre jour prouvent que messieurs les Anglais ne sont pas les mêmes à notre égard. Pourquoi ? Nous n’en savons rien.

Nous changeons d’avis au sujet du ravitaillement qu’on dit être dans l’Ounyanyembe. Nous décidons de proposer à Mzee d’aller nous le chercher. Je vais lui faire cette proposition. Il en est enchanté et va aussitôt prévenir le Roi. Il partira par le boutre de Ben Sif  qui doit d’ici quelques jours retourner à Sukuma. Nous lui confierons nos lettres.

At few days ago, Mr.Flaherty went to see the house of the kuruze * store, store where goods are stored the works on which Fr.Lourdel supervises. He belittled ot, and, to show his contempt, pretended to throw up. The people from the Kuruze who told the Father said that the old man was drunk. We don’t know. But this and the discussion of the other day prove that the English gentlemen’s attitude towards us changed. Why? We have no idea.

We change our mind about the supply that we are told is in Unyanyembe. We decide to offer Mzee to go and get it for us. I go and make him this proposal. He is delighted and goes immediately to inform the King. He will leave by the dhow of Ben Sif who in a few days should return to Sukuma. We will entrust him with our letters.

Δ

Août 1882, du 20 au 31 – pp. 369 à 371

Dimanche 20 août

Sunday, August 20th
Muzé * Mzee (swahili) : titre ou surnom fréquemment donné à une personne d’âge : le Vieux devait venir aujourd’hui pour s’entendre avec nous. Il ne vient pas. Mk. * Joseph Mukasa Balikuddembe ? nous dit qu’hier, le roi lui a refusé la permission de partir; il est en train de le convertir. Muzé * Mzee (Swahili): title or nickname frequently given to a person of age: the Old man was supposed to come today to make an agreement  with us. He doesn’t turn up. Mk. * Joseph Mukasa Balikuddembe? tells us that yesterday the king refused him permission to leave; himself is in the process of converting the king.

Lundi 21 août

Monday, August 21st
 

Dimanche [il] vient nous dire que le roi ne s’oppose pas à son départ; que si un de nous lui en parle, il le laissera partir. Il monte alors au Mbuga avec le P.Lourdel. Pendant ce temps-là, il envoie un homme à Buganga pour prier les gens du boutre de retarder leur départ. Le P.Lourdel ne voit pas le roi.

[On] Sunday [he] comes to tell us that the king does not object to his departure; that if one of us talks to him about it, he will let him go. He then went up to the Mbuga with Fr.Lourdel. Meanwhile, he sent a man to Buganga to beg the crew of the dhow to delay their departure. Father Lourdel does not see the king.

Mardi 22 août

Tuesday, August 22nd
Le P.Lourdel demande au roi que Muzé parte pour l’Ounyanyembé; le roi consent; cependant il craint que Muzé qui a des dettes ici, ne revienne point une fois sorti du Buganda; il veut qu’un de ses hommes l’accompagne. Cette clause ne nous convient guère; probablement, le roi se propose par là de connaître ce que Muzé nous apportera. Par l’entremise du Kourougé, nous espérons cependant faire tourner cela à notre avantage. Si nous pouvons obtenir un Mbaka * mubaka: messager, agent, représentant convenable, Muze sera moins libre de nous voler. Father Lourdel asks the king to allow Muzé to leave for Unyanyembé. The king agrees; however, he fears that Muzé, who has debts here, would not return once he had left Buganda. He wants one of his men to accompany him. This clause does not suit us very well; probably, the king intends to know what Muzé will bring us. However, through the Kourougé, we hope to turn this to our advantage. If we can get a suitable Mbaka * mubaka: messenger, agent, representative , Muze will be less free to steal from us.

Mercredi 23 août

Wednesday, August 23rd

Séance dans le genre du 9 dernier. Musé ne partira pas.

L’admission de quelques-uns des enfants au catéchuménat a produit d’heureux fruits. Ceux qui ont été admis ont certainement changé; les autres regrettent de ne pas s’être présentés et se promettent de ne pas manquer leur coup lorsqu’on leur offrira. Plusieurs sont déjà venus supplier le P.Livinhac de les admettre et l’un d’eux avait les larmes aux yeux.  Il y a certainement parmi ces pauvres enfants un vrai travail de la grâce. Dieu soit béni.

Session similar to the one of last 9th. Musé will not leave.

The admission of some of the children to the catechumenate has produced happy fruits. Those who have been admitted have certainly changed; the others regret not volunteering and pledge not to miss the opportunity when offered. Several had already come to beg Fr.Livinhac to admit them and one of them had tears in his eyes.  There is certainly a true work of grace among these poor children. God be blessed.

Jeudi 24 août

Thursday, August 24th
Le P.Livinhac revient de Mbuga sans avoir vu le roi. Fr.Livinhac comes back from Mbuga without seeing the king.

Vendredi 25 août, St. Louis

Friday, August 25th, Saint Louis
L’homme envoyé par Muzé à Buganga est revenu; les gens du boutre promettent d’attendre Muzé; celui-ci redemande la permission de partir. Le roi qui voulait le retenir, sous prétexte qu’il doit à un Mguana * Arabe (sing. de Wangwana), consent quand le P.Lourdel lui dit qu’il nous doit à nous aussi. Il partira demain. The man sent by Muzé to Buganga is back. The crew of the dhow promise to wait for Muzé. He asks again for permission to leave. The king who wanted to retain him, on the pretext that he owes a Mguana * Arabe (sing. de Wangwana), consents when Fr.Lourdel tells him that he owes us too. He’ll leave tomorrow.

Samedi 26 août

Saturday, August 26th
Muzé n’est pas encore parti; son créancier veut l’empêcher. Il va trouver le roi qui lui promet un Mbaka pour le faire partir par le boutre et si le boutre est parti, lui faire donner deux barques. Muzé vient s’entendre avec nous; il viendra demain prendre notre courrier. Muzé has not yet left; his creditor wants to stop him. He goes to see the king who promises him a Mbaka to make him leave by the dhow and, if the dhow is gone, to have him given two boats. Muzé is coming to agree on arrangements with us; he will come to pick up our mail tomorrow.

Dimanche 27 août

Sunday, August 27th

M. les Anglais que nous avons fait prévenir hier du départ de Muzé nous envoient un petit paquet de lettres pour l’Ouyoui.

Nous décidons le renvoi de Bruno. Après-demain, Damelila * Damulira le prendra en allant à Budu.

The Englishmen, whom we had notified yesterday of Muzé’s departure, send us a small packet of letters for the Ouyoui.

We decide to get rid of Bruno. The day after tomorrow, Damelila * Damulira will take him on his way to Budu.

Mardi 29 août

Tuesday, August 29th

Le P.Livinhac est allé à Mbuga et a vu sa Majesté; celle-ci a fait au P.Lourdel l’honneur de l’appeler son esclave.

Damélila est venu chercher Bruno. Celui-ci se voyant enfin connu a tout avoué. Il faut vraiment que cet enfant ait été possédé du diable pour faire le mal qu’il a fait ici. Nous n’aurions pas cru qu’un enfant fût susceptible de tant de ruse et de malice. Et partant, il paraît dans de bons sentiments. Il ne veut pas qu’on lui enlève sa médaille.

Fr.Livinhac went to Mbuga and saw His Majesty, who did Fr.Lourdel the honour of calling him his slave.

Damélila came to fetch Bruno. Bruno, seeing himself finally discovered, confessed everything. This child really must have been possessed by the devil to do the evil that he did here. We could not have believed that a child was in capacity to so much cunning and malice. When going, he appears to have good feelings. He doesn’t want his medal taken away.

Mercredi 30 août

Wednesday, August 30th

Pierre, complice de Bruno et moins coupable que lui est envoyé au kialo. Luanga * Lwanga l’amène. Pierre accepte avec reconnaissance; car voyant Bruno chassé, il s’attendait au même sort. Il paraît disposé à bien faire. Nous nous demandons si nous devons renvoyer aussi Timothée deuxième complice de Bruno. Cette mesure sera probablement nécessaire pour le bien des autres. D’après les aveux de Bruno et des autres, il n’y aurait aucun de nos orphelins qui soit innocent.

Muzé parti pour le lac revient; il n’a pas trouvé les barques promises. Un de nos catéchumènes nous prévient que le roi ne veut pas qu’il parte. Je vais alors lui dire de rester tranquille. Demain il nous rapportera les lettres, etc…

Peter, Bruno’s accomplice and less guilty than him is sent to the kialo. Luanga * Lwanga takes him there. Peter accepts with gratitude; seeing Bruno driven away, he expected the same fate. He seems willing to do well. We wonder if we should also send away Timothy, Bruno’s second accomplice. This measure will probably be necessary for the good of the others. According to Bruno and the others’ statements, none of our orphans are innocent.

Muzé left for the lake; he did not find the boats promised. One of our catechumens warns us that the king does not want him to leave. I will tell him to stay put. Tomorrow he will bring back the letters, etc…

Jeudi 31 août

Thursday, August 31st

Séance de trois heures, consacrée tout le temps à la discussion religieuse. Le roi réfute les Arabes et même le fait avec esprit. Les Arabes refusent de discuter disant que leur religion le leur défend. Le roi les plaisante et leur fait voir leurs contradictions. Il leur demande pourquoi ils n’ont pas suivi la religion des Chrétiens existant avant la leur. Il essaie aussi d’attaquer ceux-ci; cependant il ne dit rien qui ne puisse être accepté; probablement il serait moins réservé si le P.Lourdel n’était pas là. Tout cela a un beau coté; c’est que cela discrédite la religion arabe. Cette discussion et la conduite du roi qui ne peut laisser de côté la question religieuse prouvent que sa Majesté n’est pas tranquille sur ce point. Elle cherche mais en vain à se prouver qu’il n’y a point de Dieu, par conséquent, point de religion.

Un jeune homme, esclave de Gahonga * Gabunga  vient recourir à la science du P.Lourdel. Il veut se marier. Malheureusement deux dents mal alignées le défigurent un peu. Celle à la main de laquelle il prétend refuse son consentement à cause de ces malencontreuses dents. Dans son embarras, il prie le P.Lourdel de les faire disparaître. Le Père, malgré sa bonne volonté, n’en peut venir à bout avec les instruments ordinaires. Il est obligé de recourir à une de nos plus grosses limes; à délimer comme on limerait un morceau de fer. Le jeune amant est admirable de patience.

Three-hour session, totally devoted to religious discussion. The king refutes the Arabs and even does it with spirit. The Arabs refuse to argue, saying that their religion defends them. The king mocks them and makes them see their contradictions. He asks them why they did not follow the religion of the Christians which existed before theirs. He also tried to attack the Christians. However, he did not say anything that could not be accepted. Probably he would be less reserved if Fr.Lourdel were not there. All this has a nice side; it discredits the Arabic religion. This discussion and the conduct of the king who cannot set aside the religious issue prove that His Majesty is not at peace on this point. He tries but in vain to prove to himself that there is no God, therefore, no religion.

A young man, a slave of Gahonga * Gabunga comes to resort to the science of Fr.Lourdel. He wants to marry. Unfortunately, two misaligned teeth somehow disfigure him. The girl he courts refuses to consent because of these unfortunate teeth. In his embarrassment, he asks Fr.Lourdel to make them disappear. The Father, despite his good will, cannot extract them with the ordinary instruments. He is obliged to use one of our biggest files; to file the teeth as we would a piece of iron. The young lover admirably endures the pain.

Δ

Septembre 1882 – pp. 372 à 375

Vendredi 1er septembre

Friday, September 1st

Muze nous renvoie nos lettres avec l’étoffe et les simbis.

Les ouvriers qui font la maison du roi profitant des moments où le P.Lourdel a été absent ont très mal fait les murailles à certains endroits. Aujourd’hui, il en fait défaire. C’est une misère d’avoir affaire à des Baganda.

Muze returns our letters with the fabric and the simbis.

Taking advantage of the times when Fr.Lourdel was absent, the workers who make the king’s house  have very badly built the walls in some places. Today, he ordered to undo some of them. It is distressful to deal with Baganda.

Samedi 2 septembre

Saturday, September 2nd
Le P.Levesque va au Mbuga; séance dans le kigango. Bête comme d’habitude. Fr.Levesque goes to Mbuga. Sessions in the kigango. Stupid as usual.

Lundi 4 septembre

Monday, September 4th
Kabaka est décidément dans une veine religieuse. Depuis quelque temps, il ne parle que de religion. Hier soir, il aurait déclaré qu’il voulait enfin se déclarer pour une religion; qu’une fois que son choix serait fait, il aurait quatre disciples pour instruire tous les Baganda et qu’il chasserait et même tuerait ceux qui n’embrasseraient pas sa religion. Que va-t-il sortir de tout cela? Nous n’en savons rien. Mais nous en profitons pour redoubler nos prières. Quel miracle si le Bon Dieu convertissait enfin ce pauvre roi! Le P.Lourdel revient de la cour avec M.Mackay qui dîne avec nous. Kabaka is definitely in a religious mood. For some time now, he has been talking only about religion. Last night, he is said to have declared that he finally wanted to publicly adopt a religion; that once his choice was made, he would have four disciples to instruct all the Baganda and that he would hunt down and even kill those who would not embrace his religion. What is going to come out of all this? We don’t know. But it is fos us a reason to redouble our prayers. What a miracle if God finally converted this poor king! Fr.Lourdel returns from court with M.Mackay who has dinner with us.

Mardi 5 septembre

Tuesday, September 5th

Hier soir, la nouvelle est venue qu’un des Bakongou * Mukungu : officier de haut rang, chef de province partis pour la guerre du Busoga, Mtésa, était mort. Ce matin, cris en son honneur.

Je vais au Mbuga. Mais sa Majesté tardant à se montrer, je reviens sans l’avoir vue.

Last night, the news circulated of the death of Mtesa, one of the Bakongu * Mukungu: high-ranking officer, head of province who had left for the Busoga war. This morning, screamings in his honor.

I am going to the Mbuga. But His Majesty being slow to show himself, I return without having seen him.

Vendredi 8 septembre – Nativité de la Ste. Vierge.

Friday, September 8th – Birth of the Holy Mary  
Le P.Livinhac nous réunit en conseil pour nous proposer le règlement qu’il vient de faire. Séance orageuse. Fr. Livinhac met with us in council to propose the regulations he had just drawn. Heated discussion.

Jeudi 14 septembre

Thursday, September 14th

Les travaux de la maison du roi étant suspendus, le P.Lourdel en profite pour commencer sa retraite.

Installation d’une lampe au dortoir des enfants.

The work on the king’s house being suspended, Fr.Lourdel takes advantage of it to begin his retreat.

Installation of a lamp in the children’s dormitory.

Dimanche 17 septembre

Sunday, September 17th
Nous constatons de plus en plus en nos orphelins une extrême corruption. Le travail de la grâce que nous avions cru remarquer en eux, n’était qu’un effet de leur ruse et de leur malice. We are increasingly seeing extreme corruption in our orphans. The work of grace which we thought to have noticed in them, was only an effect of their cunning and malice.

Lundi 18 septembre

Monday, September 18th
Nous envoyons Timothée au kialo. We sent Timoty to the kyalo.

Mercredi 20 septembre

Wednesday, September 20th

Kabaka trouve qu’il n’a pas encore assez de bakiala. Il a chargé le Mtutumuzi de parcourir tout le Buganda et de lui amener les plus belles femmes qu’il trouverait. Si quelqu’un s’avise de cacher ses dames pour ne pas obéir à l’ordre de Mtésa, Mtutumuzi doit le “gnangagner” * de kunyaga : piller . Cette expédition qui dure depuis plusieurs mois, doit durer deux ans.

Le P.Lévesque va au Mbuga et voit le roi. Un Arabe arrivé avant-hier fait au roi un petit cadeau. Les Arabes se plaignent qu’on les a volés et disent à sa Majesté que si on les rançonne ainsi, ils ne reviendront plus. Le roi ordonne à Gahonga * Gabunga de rendre tout.

Muzé est tout-à-fait dans les bonnes grâces du roi. Celui-ci le fait venir tous les jours et passe avec lui des heures entières à causer de religion des Blancs, etc.. Kabaka lui a demandé si nous étions réellement venus pour manger le Buganda.  Muzé a répondu que nous étions venus pour instruire les Bakopi * les petites gens, gens du peuple , ce qui amuse sa Majesté.

Kabaka thinks he still doesn’t have enough bakiala. He asked the Mtutumuzi to go all over Buganda and bring him the most beautiful women he could find. If someone tries to hide his ladies to avoid obeying Mtésa’s order, Mtutumuzi must “gnangagner” * de kunyaga: to loot. This expedition, which has been going on for several months, must last two years.

Father Lévesque goes to the Mbuga and sees the king. An Arab who arrived the day before yesterday gives the king a small gift. The Arabs complain that they have been robbed and tell His Majesty that if they are ransommed like this, they will never come back. The king orders Gahonga * Gabunga to return everything.

Muzé is very much in the king’s favour. He brings him in every day and spends hours with him talking about the religion of the Whites, etc. Kabaka asked him if we had actually come to eat Buganda.  Muzé replied that we had come to instruct the Bakopi * commoners, ordinary people , which amused His Majesty.

Jeudi 21 septembre

Thursday, September 21st
Avant la lecture spirituelle, les hommes des Anglais apportent un courrier arrivé aujourd’hui même. Pas une lettre de nos Supérieurs; quelques-unes d’Algérie, de Tabora et d’Ujiji; quelques journaux; une chronique (juillet 81); un bulletin de Ste-Monique (janvier 82). Mort de P.Ménard. Suppression du poste de Mdabourou. Monseigneur “Cardinal”. On ferait aussi bien en vérité de supprimer toute communication. Voilà bientôt 5 ans que nous avons quitté la côte et nous ne sommes pas encore arrivés à avoir un résultat satisfaisant. Le P.Livinhac nous communique une note contenant sept questions qu’il nous pose sur les orphelins et auxquelles chacun devra répondre dans une lettre qu’il adressera à Monseigneur. Before the spiritual reading, the men of the English bring a letter arrived today. Not a single letter from our Superiors; some from Algeria, Tabora and Ujiji; some newspapers; a diary (July 81); a bulletin of St.Monique (January 82). Death of P.Ménard. Suppression of the post of Mdaburu. Monsignor made “Cardinal”. To be frank, one might as well suppress any communication. It has been almost 5 years since we left the coast and we have not yet achieved a satisfactory result. Fr.Livinhac sent us a note containing seven questions about the orphans, which each of us would have to answer in a letter addressed to Monsignor.

Vendredi 22 septembre

Friday, September 22nd

P.Livinhac monte au Mbuga et en revient presqu’aussitôt.

Le roi est avec ses bakiala * mukyala : Dame, fille ou femme, équivalent féminin de mwami à qui il distribue des fusils.

Fr.Livinhac goes up to Mbuga and comes back almost immediately.

The king is with his bakiala * mukyala: Lady, daughter or wife, female equivalent of mwami to whom he distributes guns.

Samedi 23 septembre

Saturday, September 23rd

Mr. Fl. doit assez prochainement repartir pour l’Angleterre; un autre ministre est en route pour venir le remplacer. Mr. Colperston d’Ouyoui vient avec ce monsieur.

Kabaka en veut toujours à Mackay pour la promesse qu’il lui a faite de lui fabriquer des canons et qui n’a pas encore été remplie. Sa Majesté se propose de faire tailler un arbre en forme de canon et de l’envoyer à l’Anglais pour lui rappeler sa promesse et pour voir quelle réponse il fera. Mtésa parle bien derrière, mais probablement ce projet comme tant d’autres n’aura pas de suite.

Mr. Fl. is soon to return to England; another clergyman is on his way to replace him. Mr. Colperston of Ouyoui is coming with this gentleman.

Kabaka still blames Mackay for the promise he made him to make him guns and which has not yet been fulfilled. His Majesty intends to have a tree cut in the shape of a cannon and to send it to the Englishman to remind him of his promise and to see which answer he will give. Mtésa speaks well behind, but probably this project like so many others will not get implemented.

Dimanche 24 septembre

Sunday, September 24th
Malgré notre redoublement de précautions, de surveillance, nos orphelins continuent leurs infamies plus que jamais; ils sont d’une ruse, d’une fausseté infernale. Ce n’est pas une fois en passant, c’est jour et nuit. On dirait vraiment que le diable les cache. Despite our redoubled care and surveillance, our orphans continue their infamy more than ever. Their cunning and falsehood are infernal. It’s not just once in a while, it’s day and night. It really looks like the devil is hiding them.

Lundi 25 septembre

Monday, September 25th
D’après ce que nous disent nos néophytes, le roi est de plus en plus mal disposé. Ses dispositions seraient même hostiles. A la garde de Dieu. According to our neophytes, the king is more and more ill-disposed. He is even becoming hostile. May God protect us.

Mardi 26 septembre

Tuesday, September 26th
Je vais au Mbuga pour voir sa Majesté; l’heure de la séance arrivée, les portiers nous prient monsieur Fl. et moi de nous retirer. Kabaka ne reçoit que Katikiro et quelques privilégiés. Le Kangao * Kangawo: chef de la province du Bulemezi est destitué; c’est un seigneur de la corde qui mange son buhami * territoire, et par extension fonction, d’un Mwami. I go to the Mbuga to see His Majesty. When the hour of the sitting arrived, the doormen ask us, Mr. Fl. and I, to leave. Kabaka only receives Katikiro and some privileged ones. The Kangao * Kangawo: chief of Bulemezi province is dismissed. A Lord of the Rope  eats his buhami * territory, and by extension function of a Mwami.

Jeudi 28 septembre

Thursday, September 28th
Ce matin comme nous nous levons, nous apercevons une comète à l’Est, Sud-Est. On nous dit qu’elle paraît déjà depuis quelque temps; en ce moment-ci, elle est en son déclin. Les plus vieux des Baganda se rappellent d’en avoir vu une autre sous le règne du prédécesseur de Souna * Suuna, nom d’un kabaka. Suuna I (règne de 1584 à 1614) ou Suuna II (de 1832 à 1856), prédécesseur de Mutesa ; ils ne savent ce que c’est. Le roi nous envoie demander des explications. Nos chrétiens nous disent que les indigènes sont très effrayés; ils se demandent si ce n’est pas un signe avant-coureur de terribles malheurs, de la fin du monde. Ils prétendent que c’est nous qui en sommes les auteurs. Beaucoup font des sacrifices pour apaiser le loubali * lubale : esprit d'ancêtres, génie, souvent mauvais. This morning as we get up, we see a comet in the East-Southeast. We are told that it has been appearing for some time; at this time, it is in decline. The older Baganda remember seeing another one under Suna’s predecessor * Suuna, name of a kabaka. Suuna I (reigned 1584-1614) or Suuna II (1832-1856), predecessor of Mutesa . They don’t know what it is. The king sent us to ask for explanations. Our Christians tell us that the natives are very frightened; they wonder if this is not a warning sign of terrible misfortunes, of the end of the world. They claim that we are the instigators. Many make sacrifices to appease the lubali * lubale: spirit of ancestors, genius, often bad.

Vendredi 29 septembre

Friday, September 29th
Un homme de Ramasi doit partir après-demain pour l’Ounyanyembé; il nous offre de se charger de nos lettres. Nous nous mettons aussitôt à faire les plus pressées. Le P.Lourdel va après-dîner chez Messieurs les Anglais les prévenir. Au soir, ils nous envoient un petit paquet de lettres. L’homme ne devant partir que demain, le P.Livinhac le leur fait savoir. A man from Ramasi is to leave the day after tomorrow for Unyanyembe; he offers us to take charge of our letters. We immediately began to do the most hurried. Fr.Lourdel went after dinner to the English gentlemen to tell them. In the evening, they send us a small bundle of letters. The man being supposed to leave only tomorrow, Fr.Livinhac lets them know.

Δ

Octobre 1882, du 1er au 15 – pp. 375 à 380

Dimanche 1er octobre

Sunday, October 1st
Kabaka qui d’abord avait partagé l’effroi causé dans ses sujets par l’apparition de la comète, y voit maintenant un signe de longue vie. Probablement, il n’en croit rien; mais c’est une manière d’en imposer aux siens. Kabaka, who at first had shared the fear that the appearance of the comet caused in his subjects , now sees it as a sign of long life. Probably, he does not believe it; but it is a way of impressing his people.

Lundi 2 octobre

Monday, October 2nd
Le roi ne réussit pas parfaitement à dissimuler la frayeur que lui cause la comète; il a mauvaise mine. On dit que la dernière comète qui a paru coïncidait avec la mort de Souna. Ce n’est pas de nature à rassurer Kabaka. The king cannot perfectly conceal his fright caused by the comet. He looks horrible. People say that the last comet appearance coincided with the death of Suna. This is not likely to fill Kabaka with confidence.

Mardi 3 octobre

Tuesday, October 3rd

Je retourne chez Ben Djuma qui hier nous a offert l’étoffe à 16 piastres. Il consent à nous livrer 50 pièces à raison de 13 piastres l’une. Nous prendrons 10 de merikani * étoffe de valeur, venant des Etats-Unis (?) , 10 de satini, 5 de bafta, 10 de chiti * shiti : toile, pour faire des draps et 22 de lessou * leso : étoffe pour faire des mouchoirs, des écharpes . Assurément c’est bien payé et l’Arabe fait une bonne affaire. Cependant c’est moins cher que les Anglais qui ont payé 20 piastres. De chez l’Arabe, je vais au Mbuga. Le roi parle de ses femmes et fait lire Musé. Les yeux du roi n’ont plus la vie, l’expression d’autrefois.

Dans l’après-midi, je retourne chez l’Arabe avec huit de nos rachetés et nous rapportons l’étoffe. Les autres commerçants font des reproches à Ben Djuma.

I go back to Ben Djuma who yesterday offered us the material at 16 piastres. He agrees to sell 50 pieces to us at 13 piastres each. We will take 10 of merikani * fabric of value, coming from the United States (?) , 10 of satini, 5 of bafta, 10 of chiti * shiti: canvas, to make sheets and 22 of lessou * leso: fabric to make handkerchiefs, wraps . It is certainly well paid and the Arab makes a good deal. However it is cheaper than the 20 piastres that the English paid. From the Arab’s, I go to the Mbuga. The king speaks of his wives and asks Musé to read. The king’s eyes no longer have life, the expression they had time ago.

In the afternoon, I go back to the Arab’s with eight of our redeemed and we carry the stuff. The other traders blame Ben Djuma.

Mercredi 4 octobre

Wednesday, October 4th
Le roi envoie chercher le P.Lourdel pour sa fille Nasui très malade. The king sends for Fr.Lourdel for his daughter Nasui, who is very sick.

Jeudi 5 octobre

Thursday, October 5th

P.Lourdel rencontre Mr. Fl. au Mbuga. Le vieux selon son habitude dit des absurdités : avec une lunette portée par 5 000 hommes, on voit des habitants dans la lune; on les voit même kulimer * cultiver, labourer – peut avoir des connotations sexuelles .

Nos rachetés malgré nos efforts sont aussi corrompus; ils semblent même s’ancrer dans leurs vices. Nos deux baptisés * Fulgence et Léon que nous avions cru jusqu’ici exempts de ces vices, ne le sont pas du tout. L’un ne semble être tombé que de temps en temps; mais pour l’autre, ça été tous les jours plusieurs fois, et cela de propos délibéré, sachant parfaitement qu’il faisait mal. Les coups de cravache lui font tout avouer. Nous décidons de jeûner tous les vendredis et de dire la sainte messe le vendredi pour nos orphelins.

Fr.Lourdel meets Mr. Fl. at the Mbuga. The old man, according to his habit, says absurdities: with a telescope worn by 5,000 men, we see people in the moon; we even see them kuliming * kulima: to cultivate, to plough– can have sexual connotations .

In spite of our efforts, our redeemed are also corrupt; they even seem to be anchored in their vices. Our two baptized ones * Fulgence and Léon that we had previously believed to be free of this vice, are not at all. One seems to have fallen only from time to time; but  as for the other, it was every day several times, and this deliberately, knowing perfectly well that he was doing bad. Horsewhipping made him confess everything. We decided to fast every Friday and to say Holy Mass on Friday for our orphans.

Vendredi 6 octobre

Friday, October 6th
Celui de nos baptisés * Léon que nous croyions encore innocent jusqu’à un certain point est accusé par plusieurs. Pendant longtemps il nia avec un sang froid, un aplomb diabolique. Enfin, les coups lui font avouer une partie de ce qu’il a fait. Ce n’est que quelques heures plus tard que voyant qu’il n’y avait pas moyen de nier, il finit par avouer tout. Assurément de tous, Léon a été le plus coupable. Pauvre race de Cham! Nous renvoyons Fulgence et le donnons à un de nos catéchumènes. One of our baptized * Léon that we still believed to be to some extent innocent is accused by several. For a long time he denied boldly, with devilish nerves. Finally, the blows made him confess a part of what he did. It was only a few hours later that, seeing that there was no way to deny it, he finally confessed everything. Out of all of them, Leon was certainly the most guilty. Poor race of Cham! We send Fulgence away and give him to one of our catechumens.

Samedi 7 octobre

Saturday, October 7th

Punition et nouveaux aveux de Léon; il a fait ici un mal immense; tous les autres le craignaient et se prêtaient à sa brutale passion.

Cette nuit, Barnabé a été pris en flagrant délit.

Leon’s punishment and new confession. The evil he caused here is immense. All the others feared him and indulged in his brutal passion.

Last night, Barnabas was caught red-handed.

Dimanche 8 octobre

Sunday, October 8th
Nous défendons à Léon et à Ignace l’entrée de la chapelle. Au Conseil, il est décidé que jusqu’à nouvel ordre, nous n’achèterons pas de nouveaux enfants; nous allons continuer l’expérience sur ceux que nous avons en ce moment. We forbid Leon and Ignatius to enter the chapel. The Council has decided that until further notice, we will not buy new children; we will continue the experiment on those we have at the moment.

Lundi 9 octobre

Monday, October 9th

Léon ne s’est pas contenté de faire le mal. Il l’a organisé parmi nos enfants. Profitant de notre confiance et du poste que nous lui avions confié, il a empêché l’effet qu’auraient pu profiter en eux nos exhortations, etc… Il leur facilitait l’occasion de se livrer au crime et les y excitait, leur répétant que nous étions des menteurs; qu’il n’y a ni Dieu, ni ciel, ni enfer, etc.; en un mot, c’est un véritable démon. Nous lui enlevons son étoffe et nous l’enchaînons. Deux bons catéchumènes qui partent pour le Busoga vont emmener Bruno et le rapatrier. Malgré toutes les preuves que nous avons de la culpabilité de Léon, il nous faut faire effort pour y croire. Nous n’aurions jamais pu penser qu’un homme peut descendre si bas. Nous décidons de commencer demain une neuvaine réparatrice à la sainte Face.

Pendant la séance, il prend au roi la fantaisie de faire le commerce. Il vend au ministre un bœuf 20 000 simbis * cauris; une chèvre à Mr.Fl. pour 2,500 simbis; une autre au P.Lourdel pour 2,000 simbis.

Leon did not just do evil. He organized it among our children. Taking advantage of our trust and of the position we had entrusted to him, he prevented the effect that our exhortations might have had in them, etc. He made it easier for them to commit the crime and excited them, telling them that we were liars; that there is no God, no heaven, no hell, etc. In a word, he is a real demon. We remove his cloth and chain him. Two good catechumens who leave for the Busoga will take Bruno and repatriate him. Despite all the evidence we have of Leon’s guilt, we must make an effort to believe it. We could never have imagined that a man could descend so low. Tomorrow we decide to begin a restorative novena to the Holy Face.

During the session, the king fancied to trade. He sells to the minister a beef for 20,000 simbis * cauris; a goat to Mr.Fl. for 2,500 simbis; another one to Fr.Lourdel for 2,000 simbis.

Mardi 10 octobre

Tuesday, October 10th
Fuite de Fortunat. Depuis un certain temps, nous avons redoublé de soin, d’attention, de surveillance pour arriver à corriger nos orphelins. Tout cela n’a abouti qu’à les rendre plus coupables; à les éloigner de nous. Auparavant, la plupart avait pour nous de l’attachement, du dévouement même; aujourd’hui, par suite des corrections qu’ils ont reçues, ils voient en nous des tyrans et s’ils ne se sont pas encore sauvés tous, c’est qu’ils ne savent où aller. Ces pauvres enfants semblent possédés d’une vraie fureur sodomique. Et ce qui est surtout à déplorer c’est qu’ils s’y livrent de parti pris. Ils ne veulent pas se corriger. Ils n’ont pas encore la foi. Nous ne savons que faire dans un pareil état de choses. Nous nous résolvons à ne garder de nos rachetés que ceux qui nous sont nécessaires comme domestiques. Tout cela nous fait trembler pour nos catéchumènes et même pour nos baptisés. Le catéchuménat depuis un certain temps est bien languissant et la mission du Buganda nous apparaît sous un jour moins brillant. A la garde de Dieu. Espérance quand même. Fortunatus escaped. For some time now, we have redoubled our care, attention, and surveillance in order to correct our orphans. As a result, we have made them more guilty; we have driven them away from us. Before, most of them had attachment to us, even dedication; today, as a result of the corrections they have received, they see us as tyrants and if all of them did not escape, it is because they do not know where to go. These poor children seem to be possessed with a real sodomic fury. And what is most deplorable is that they indulge willingly. They don’t want to correct themselves. They don’t have the faith yet. We don’t know what to do about it. We resolve to keep only those among our redeemes who are necessary to us as servants. All this makes us worried about our catechumens and even our baptized. The catechumenate for some time has been languishing and the mission of Buganda appears to us in a less bright light. To the guard of God. Hope nevertheless.

Mercredi 11 octobre

Wednesday, October 11th
Nous congédions Kambué; il a été un des principaux agents du diable parmi nos pauvres orphelins. Nous pensions enfin connaître tout le mal; mais hélas, il n’en est rien. Les craintes que nous éprouvions au sujet de nos néophytes n’étaient que trop fondées. Un de nos orphelins, François, nous cite plusieurs chrétiens qui ont été avec lui. C’est à perdre tout courage. Mais non, c’est une grande grâce que de connaître le terrain que nous avons à défricher, les gens auxquels nous avons affaire. Nous envoyons Alype et Vincent au kialo * village, campagne, exploitation agricole . Arsène fera les commissions. We dismiss Kambue; he was one of the chief agents of the devil among our poor orphans. We thought we knew all the extend of the evil; but alas, it is not so. The fears we had about our neophytes were all too well-founded. One of our orphans, Francis, names several Christians who have been with him. It makes you to lose all courage. But no, it is a great grace to know the ground we have to clear, the people we are dealing with. We send Alype and Vincent to kialo * village, countryside, farm . Arsène will do the shopping.

Jeudi 12 octobre

Thursday, October 12th

Nos néophytes, ceux sur qui nous croyions pouvoir le plus compter, nous ont indignement trompés. Ils ont abusé de notre confiance pour faire le mal avec plusieurs de nos orphelins.

Conseil après dîner pour savoir la ligne de conduite à suivre avec nos enfants et les catéchumènes. Nous décidons une séparation complète.

Les insultes que le vieux * O’Flaherty se permet vis-à-vis de tous les indigènes qui ne lui conviennent pas, ne lui ont pas été heureuses aujourd’hui. Un sorcier a manqué de l’assommer. Il en a été quitte pour une blessure au bras.

Our neophytes, the ones we thought we could count on the most, shamefully deceived us. They abused our trust to do evil with several of our orphans.

After dinner, Council to decide the strategy to follow with our children and catechumens. We decide a complete separation.

The insults that the old man * O'Flaherty allows himself vis-à-vis all the natives who do not suit him, did not bring him luck today. A sorcerer almost to knock him out. He was left with an arm wound.

Vendredi 13 octobre

Friday, October 13th
Ce ne sont pas seulement quelques néophytes qui ont fait le mal avec nos rachetés. Tous et un grand nombre de catéchumènes l’ont fait et avec fureur. Nous comprenons maintenant pourquoi nos orphelins ont croupi dans leurs vices. Dans de pareilles circonstances, ils ne pouvaient se corriger et eussions-nous fait des miracles que nos efforts n’auraient pas plus abouti. Leurs infâmes séducteurs les menaçaient de mort s’ils nous avertissaient et leur répétaient que nous-mêmes, nous faisions comme eux. Nous regardons comme une immense faveur d’être enfin arrivés à connaître tout cela et c’est du fond du cœur que nous en remercions le Bon Dieu. Que de fautes nous aurions faites dans l’avenir si ces choses nous étaient restées cachées ? Maintenant, nous voyons à qui nous avons affaire. Ici, nous sommes en présence de gens qu’il ne faudra baptiser qu’in articulo mortis. Notre œuvre ne semble n’être qu’une œuvre de cliniques. Un point cependant reste encore à éclaircir; c’est de savoir quel a été le mobile de nos néophytes. Nous défendons à nos néophytes de venir tous les dimanches comme ils le faisaient jusqu’ici, et sans leur dire le vrai motif de notre décision, nous leur disons de se considérer au moins extérieurement comme de simples catéchumènes. Nous prenons nos mesures pour qu’aucun étranger ne communique avec nos enfants. Peut-être enfin, ces pauvres enfants vont-ils comprendre ce que nous voulons faire d’eux. Nous espérons plus que jamais. Pendant quelques jours nous les avions crus incorrigibles; en ce moment, nous voyons ce qui rendait nos soins infructueux. It is not only a few neophytes who have done evil with our redeemed. All of them, and a large number of catechumens have done it,  with fury moreover. We now understand why our orphans have been wallowing in their vices. In such circumstances, they could not correct themselves and had we performed miracles that our efforts would not have been more successful. Their infamous deceivers threatened them with death if they warned us and they were told that we ourselves were doing what they were doing. We regard it as an immense favour to have finally come to know all this and it is from the bottom of our hearts that we thank God for it. How many mistakes would we have made in the future if these things had remained hidden from us? Now we see who we are dealing with. Here, we are in the presence of people who will have to be baptized only in articulo mortis. Our work seems to be only a work of clinics. One point, however, still needs to be clarified; it is to know what was the motive of our neophytes. We forbid our neophytes to come every Sunday as they did until now, and without telling them the real reason for our decision, we tell them to consider themselves at least externally as simple catechumens. We are taking steps to ensure that no stranger communicate with our children. Perhaps these poor children will finally understand what we want to do with them. We hope more than ever. For a few days we thought they were incorrigible; at this moment we see what made our care fruitless.

Samedi 14 octobre

Saturday, October 14th

Voilà trois ans que nous sommes dans le Buganda. Quels sont les résultats obtenus? D’après tout ce que nous venons de découvrir, non seulement, nous n’avons obtenu aucun résultat positif, mais nous n’avons servi qu’à faire outrager Dieu davantage. Nos néophytes, nos orphelins baptisés n’ont pas seulement fait le mal. Ils ont eu l’audace, l’impiété de choisir pour cela notre chapelle. C’est à faire frémir. Quel sujet de nous humilier, de nous confondre et de gémir.

Ce matin, après la prière, cérémonie de la purification de la chapelle. Qu’allons- nous faire, qu’allons-nous devenir dans un tel état de choses? C’est ce que nous ne savons. Nous ne savons à quelle idée nous arrêter. Léon semble s’enraciner de plus en plus dans son apostasie.

We’ve been in Buganda for three years now. What are the results? From all that we have just discovered, not only have we achieved no positive results, but we have  only succeeded in causing God to be more insulted. Our neophytes, our baptized orphans, did not only do evil. They had the audacity, the impiety to choose our chapel to do it. It makes us shudder. A real reason to feel humiliated, confounded and to groan.

This morning, after the prayer, the ceremony of the purification of the chapel. What are we going to do, what are we going to become in such a state of affairs? That is what we do not know. We do not know what to decide. Leon seems to be taking root deeper and deeper in his apostasy.

Dimanche 15 octobre

Sunday, October 15th

D’après les aveux de nos orphelins avec qui nos néophytes ont fait le mal, tout ce que nous venons de découvrir serait le fait de Naleib * Nalubandwa . Cet être vraiment infernal disait à nos orphelins que ces crimes ne sont pas mauvais, qu’ils sont permis aux chrétiens; qu’il n’est pas convenable de les accuser en confession; que la Sainte-Vierge est une femme comme une autre.  (Pour ce dernier point, on aperçoit le bout de l’oreille du loup protestant). Cette doctrine qu’il a enseignée aux enfants, il l’aura enseignée aux autres néophytes, aux catéchumènes avec qui il était en relation. Il pourrait se faire que parmi les derniers baptisés, il y en eut qui fussent jusqu’à un certain point de bonne foi.

Quoi qu’il en soit, la plupart ont tenu à nos orphelins des discours qui nous mettaient dans l’impossibilité complète de leur faire du bien, et nous regardons comme un effet particulier de la Providence que tous nos rachetés ne se soient pas sauvé. Plus nous réfléchissons à tout ce qui vient de se passer depuis dix-huit mois, plus nous remarquons que le Bon Dieu nous a fait une très grande grâce de nous découvrir que l’action du diable en tout cela est pour ainsi dire palpable. Si le Divin Maître juge à propos de nous demander le sacrifice de notre vie, que son saint nom soit béni.

According to the confessions of our orphans with whom our neophytes have done evil, Naleib * Nalubandwa should be held responsible of all we have just discovered. This truly infernal being told our orphans that these crimes are not evil, that they are permissible to Christians; that it is not proper to accuse them in confession; that the Blessed Virgin is a woman like any other.  (For this last point, we see the tip of the ear of the Protestant wolf). This doctrine which he taught to the children, he taught to the other neophytes, to the catechumens with whom he was in relationship. It could be that among the last baptized,  some were up to a certain point of good faith.

In any case, most of them have held to our orphans speeches that made us completely unable to do them any good, and we regard it as a special effect of Providence that all our redeemed did not escape. The more we reflect on everything that has happened in the last eighteen months, the more we notice that God has given us a very great grace to discover that the action of the devil in all this is, so to speak, palpable. If the Divine Master deems it appropriate to ask us for the sacrifice of our life, may his holy name be blessed.

Δ

Octobre, du 15 au 24 – pp. 380 à 383

 

Dimanche 15 octobre 

Sunday, October 15th

(Suite) Quoi qu’il en soit, la plupart ont tenu à nos orphelins des discours qui nous mettaient dans l’impossibilité complète de leur faire du bien, et nous regardons comme un effet particulier de la Providence que tous nos rachetés ne se soient pas sauvé. Plus nous réfléchissons à tout ce qui vient de se passer depuis dix-huit mois, plus nous remarquons que le Bon Dieu nous a fait une très grande grâce de nous découvrir que l’action du diable en tout cela est pour ainsi dire palpable. Si le Divin Maître juge à propos de nous demander le sacrifice de notre vie, que son saint nom soit béni Anyway, most [of our neophytes and catechumens]  told our orphans theories that put us in complete inability to do them any good, and we consider it a special effect of Providence that all our redeemed did not escape. The more we reflect on all that has happened since eighteen months, the more we notice that God gave us a great grace by helping us to discover that the action of the devil in all this is almost palpable. If the Divine Master sees fit to ask for the sacrifice of our lives, then His holy name be blessed.

Lundi 16 octobre 

Monday, October 16th

A 5h1/2 je pars avec un enfant pour St Joseph de Ruweza ; je divise le kyalo et charge Pierre d’une partie et Timothée de l’autre. Pierre apportera demain tout ce qui appartient à Lwanga et nous défendons à celui-ci de retourner à Ruweza. Les dispositions si extraordinaires que nous avions pu constater jusqu’ici dans les Baganda pour la religion et que nous avons vantées tant de fois, n’ont été selon moi  qu’un masque dont nos Chrétiens et nos catéchumènes se sont servis pour cacher leurs passions, en particulier celle de la chair et de l’ambition. Voyant dans le baptême un moyen de se laver de leurs iniquités passées et de se livrer à l’avenir au crime en toute sûreté de conscience, ils ont tous été très ardents à le demander. On comprend que certains l’ont même fait les larmes aux yeux. D’un autre côté, voyant en nous les conquérants et les futurs rois du pays, ils se sont appliqués à singer la piété afin de pouvoir plus tard être grands. Et il faut avouer qu’ils ont été d’une habileté vraiment extraordinaire à jouer leur rôle ; sans une intervention toute spéciale de la Divine Providence, ils auraient pu nous tromper ainsi des années et des années.Le Père Lourdel, fatigué aujourd’hui est obligé de garder le lit ; il est pris de violents vomissements. Vers le soir, il va mieux.On fait un grillage pour isoler la salle des catéchumènes du reste de la propriété et mettre ainsi les catéchumènes dans l’impossibilité de communiquer avec les enfants. At 5:30 am, I leave with a child to St. Joseph Ruweza. I divide the Kyalo: Peter will be in charge of one part and Timothy of the other one. Peter tomorrow will bring all the belongings of Lwanga and we forbid this one to go back to Ruweza.The special appetite for religion we had seen so far among the Baganda and we praised so often, was a mask which our Christians and our catechumens have used to hide their passions, in particular that of the flesh and ambition. Thinking that baptism means to wash their past sins and engage in future crime with a safe conscience, they were all very eager to ask for it. We understand why some of them were even shedding tears. On the other hand, considering us as the conquerors and future kings of the country, they did everything possible to mimic piety in order to become big men later. And I must admit they proved a truly extraordinary ability to play their part. Without a special intervention of Divine Providence, they could have deceived us during years and years. Father Lourdel is tired today and has to stay in bed; he suffers from violent vomiting. In the evening, he gets better. We make a fence to separate the room of the catechumens from the rest of the property and to unable catechumens to communicate with children.

Mardi 17 octobre

Tuesday, October 17th

Le Père Lourdel est sans aucune force.Je monte au Mbuga ; le Roi demande les lumières de Meftah et des Wangwana pour se débarrasser promptement et sans bruit d’une de ses femmes qui l’a insulté. Il parle ensuite des Blancs qu’il compare aux Albinos. Il se sert de Meftah pour les déprécier.  Il demande si les Blancs réunis pourraient vaincre Mesri. Tous bien entendu lui répondent que non. Quand tous ont répondu plus ou moins bêtement : Veux-tu, lui dis-je, la vérité ? – Oui. Eh bien il n’est pas nécessaire que les Blancs se réunissent pour s’emparer de l’Egypte. Une seule nation le peut ; il suffit pour cela que les autres la laissent faire. » Cette réponse n’est probablement pas telle que l’aurait voulue sa Majesté ; sans plus insister elle nous congédie. Father Lourdel is strengthless. I go to the Mbuga ; the King seeks advice from Meftah and Wangwana about how to get rid quickly and quietly of one of his wives who abused him. He then speaks about the Whites he compares to Albinoes. He uses Meftah to belittle them. He asks if a coalition of Whites could defeat Mesri. Of course, all of them replied that no. Then, after all responded more or less stupidly, I told him: “Do you want the truth? – Yes. –  Well it is not necessary that Whites come together to seize Egypt. One nation can do it alone, if only the other ones allow.” The answer is probably not the one his Majesty desired; without insisting, he dismisses us.

Mercredi 18 octobre 

Wednesday, October 18th

Le Père Lourdel va mieux ; il se lève un peu dans la soirée.Nous terminons la neuvaine réparatrice commencée le 10 dernier en l’honneur de la sainte Face. Demain nous en commencerons une autre en l’honneur du St. Esprit dans le but d’obtenir de connaître ce que le Bon Dieu demande de nous par rapport à la mission : Faut-il rester ici, et si nous restons que faire ? Faut-il partir deux, faut-il partir tous ? Autant de questions pour la solution desquelles nous avons besoin de lumières. Nous dirons et réciterons chaque jour le Veni Creator dans ce but. Father Lourdel feels better ; he walks a little in the evening. We conclude the restorative novena we began on last 10th in honour of the Holy Face. Tomorrow we begin another one in honour of the Holy Spirit in order to get to know what God requires of us in relation to our mission: should we stay here, and if so, what to do? Should we go, two only or all of us? These are the questions we ask ourselves and we need to be enlightened. Every day we shall say and recite the Veni Creator for this purpose.

Jeudi 19 octobre 

Thursday, October 19th

le P. Livinhac va au Mbuga et revient sans avoir vu le Roi. Le nouveau Manangwa de Kaduma vient d’arriver avec trois barques au Ntewe ; il vient voir le Roi. Fr.Livinhac went to the Mbuga and returned without seeing the King. The new Manangwa of Kaduma just arrived with three boats in Ntewe; he comes to see the King.

Vendredi 20 octobre

Friday, October 20th

Nous prenons en particulier quelques uns de nos néophytes et de nos catéchumènes. Aucun ne veut s’avouer coupable ; qui ne les connaîtrait pas, les croirait innocents tout à fait ; et nous-mêmes devant leur air simple et candide, nous serions tentés, malgré les preuves certaines que nous avons de leur culpabilité, de croire que nous les avons mal jugés.  Probablement il faudrait pour les amener à tout avouer, recourir à la cravache comme nous avons fait pour nos rachetés. Malheureusement ce moyen d’action nous manque ; et pour le nègre, il est nécessaire parfois. Que faire dans un pareil état de choses ? Nous espérons que le Bon Dieu aura pour agréable la neuvaine que nous faisons en ce moment et nous fera connaître clairement ce que nous avons à faire.Le Père Lourdel est à peu près remis ; il monte au Mbuga. We talk privately to some of our neophytes and our catechumens. No one wants to confess guilt. Someone who would not know them would believe that they are totally innocent. Even ourselves, deceived by their simple and innocent look, we would be tempted, despite full evidence that we have of their guilt, to believe that we have misjudged. Probably, in order to get them to confess everything, we should use the whip as we did for our redeemed. Unfortunately we lack this means of action ; and with the negro, it is sometimes necessary. What to do in such a situation? We hope that God will be pleased by the novena that we’re doing now and that He will let us know clearly what we have to do. Father Lourdel almost fully recovered; he goes to the Mbuga.

Samedi 21 octobre

Saturday, October 21st

Le Roi veut que le P. Lourdel lui fasse de l’astronomie ; c’est un désir qui probablement passera comme les autres. The King wants Fr.Lourdel to explain to him astronomy ; this desire won’t  probably last longer than the other.

Dimanche 22 octobre

Sunday, October 22nd

Léon quoique prisonnier, continue à faire le mal et tient de très mauvais discours à ceux avec qui il le fait. Ce pauvre enfant semble s’enfoncer de plus en plus dans l’abîme de l’impiété et de la corruption. Nous sommes très embarrassés de lui. Nous décidons de l’enfermer dans la maison de Kambuye. Au Conseil, il est décidé qu’à l’avenir on s’en tiendra aux strictes instructions de Monseigneur et que jusqu’à nouvel ordre, tous ceux qui jusqu’ici sont venus se faire instruire, seront laissés au rang de postulants. Pour les enfants, on les réunira dans le vestibule de la chapelle à neuf heures. A la place de la grand’messe, on leur fera chanter un cantique. A 2h3/4, vêpres de la Ste. Vierge ; à 6h1/4, chant des litanies. Ils continueront à réciter chaque jour les prières adoptées jusqu’ici. Leon, though in prison, continues to do evil and holds very bad speech to those with whom he does it. This poor child seems to sink deeper and deeper into the abyss of impiety and corruption. We are very embarrassed with him. We decide to lock him in the house of Kambuye. The Council decided that in the future we will stick to the strict instructions of our Bishop and until further notice, all those who have come to us to be educated, will be kept to the rank of applicants. For children, they meet in the vestibule of the chapel at nine o’clock. In place of the Mass, we will make them sing a hymn. At 14:45, Vespers of the Holy Virgin ; at 18:15, singing litanies. They will continue to recite daily prayers chosen so far.

Lundi 23 octobre 

Monday, October 23rd

Erravimus, erravimus ; voilà que nous constatons de plus en plus chaque jour. Depuis que nous connaissons la corruption de nos enfants, nous constatons que les deux plus coupables sont les deux baptisés. Ces deux derniers pour exciter les autres au crime, leur ont répété toutes sortes de mensonges et d’impiétés qu’il est inutile de rapporter ici. Depuis que Léon est enfermé, la plupart des autres enfants n’ont pas été une nuit sans aller avec lui faire le mal. Pour cela, ils passent par la fenêtre du dortoir, défont les roseaux de l’atelier et passent par-dessus la cloison en terre du magasin où couche Léon.  Quand l’un a fini, il revient au dortoir et avertit un autre qui va le remplacer. C’est comme une vraie société secrète. Ces pauvres nègres pourraient, sous le rapport de la ruse et de la fausseté, l’emporter sur nos plus fins francs-maçons d’Europe. C’est à ne pas y croire. Il faut vraiment que le diable et les protège et les inspire. La maison de Kambwue où Léon est relégué depuis hier n’étant pas sûre et craignant qu’il se sauve et monte quelque coup, nous décidons de le ramener au magasin ; mais auparavant nous allons finir les cloisons du magasin et les continuer jusqu’au toit. Pour l’atelier où il travaillera, nous allons serrer le grillage de telle sorte qu’il ne puisse défaire les roseaux. Erravimus, erravimus ; everyday now we are seeing more and more clearly. Since we know about the corruption of our children, we found out that the biggest two culprits are the two baptized guys. In order to excite the others to crime,  these two repeated them all sorts of lies and blasphemies that are unnecessary to relate here. Since Leon has been locked, most of the other children did not spend a single night without visiting and making evil with him. For that purpose, they go through the dormitory window, undo the reeds of the workshop and pass over the earthen partition of the store where Leon sleeps. When one finishes, he returns to the dorm and call another one to replace him. It’s like a real secret society. These poor blacks, in respect of cunning and falsehood, could override our cleverest European Freemasons. This is unbelieveable. We must believe that the devil protects and inspires them. Since the house of Kambwue where Leon is relegated since yesterday is not safe, and for fear that he flees and instigates some foul play, we decided to bring him back to the store; but before we shall complete the walls of the store up to the roof. We will strengthen the fence of the workshop where he worked, so he won’t be able to undo the reeds.

Mardi 24 octobre

Tuesday, October 24th

Ce que nous apprenions hier du commerce des enfants avec Léon pendant la nuit, il faut le dire avec Ignace qui couche seul dans la salle des catéchumènes ; un enfant l’avoue ce matin. De même qu’ils allaient chez Léon, ils viennent chez Ignace ; cela n’empêche pas celui-ci d’aller chez un Père lui assurer qu’il veut se convertir. Nous arrangeons les portes et la fenêtre du dortoir de manière que, désormais, aucun enfant ne puisse sortir.Je vais chez le Roi. A la séance, on apporte un mzinga en bois. Le Roi et ses officiers se moquent de M.Mackay. Le Roi me fait venir auprès de lui pour me demander quelques explications. Pauvres gens, qu’ils sont ridicules ! Nous recevons du R.P.Livinhac la note suivante : durant les trois derniers jours de la neuvaine, nous dirons messe votive du St Esprit. Nous le prierons de nous éclairer en particulier sur les points suivants : 1° Est-il bon que deux Pères se rendent au sud du lac pour préparer la fondation d’une mission nouvelle avant de savoir s’il nous arrive des confrères ? 2° Dans le cas où deux Pères partiraient, serait-il bon de transporter au sud notre orphelinat ? 3° Dans les circonstances actuelles, l’ordre que nous donne Monseigneur de racheter le plus grand nombre d’enfants possible ne nous atteint-il pas de telle sorte que nous ne puissions suspendre totalement l’œuvre du rachat sans manquer à une obligation grave ? 4° Les moyens violents que nous avons essayé d’employer à l’égard de nos enfants ont-ils eu ou promettent-ils de bons résultats ? 5° Pouvons-nous et même devons-nous, dans la crainte de porter ces enfants à nous détester, nous et la religions que nous leur enseignons, nous contenter de châtier leurs fautes contre les mœurs dont nous serons témoins, ne tenant compte des dénonciations que pour donner des conseils particuliers ou pour prendre des mesures préventives ? 6° Dans la même crainte, en punissant les fautes dont nous serons témoins, ne devrions-nous pas nous contenter d’une punition légère ? En quoi pourrait-consister cette punition ? 7° Serait-il bon de remplacer, trois jours par semaine, le catéchisme par l’histoire sainte ? Je prie les Pères, après avoir prié et réfléchi devant Dieu, de noter leur sentiment et de commu
niquer leur note au Conseil. S’il arrive par hasard que nos avis soient partagés, nous renoncerons de bon cœur à notre manière de voir pour croire que nos confrères ont raison. C’est le seul moyen de ne pas ajouter aux maux qui nous affligent le plus grand des maux : le manque d’union et de charité fraternelle.
Hostem repellas longius
Pacemque dones protinus
Ductore sic te proevio
Vitemus omne noxium.
What we learned yesterday of the children’s interaction with Leon during the night, must be said about Ignatius too, who sleeps alone in the room of catechumens ; one child admitted it this morning. Just as they would to Leon, they come to Ignatius. This does not prevent him to go to meet a Father and protest to him that he wants to convert. We arrange the doors and window of the dormitory so that henceforth, no child may go out. I go at the King’s. During the meeting, someone brings in a wooden Mzinga . The King and his officers scoff Mr.Mackay. The King summons me to him to ask for some explanation. Poor people, they are so ridiculous! We received from R.P.Livinhac the following note: During the last three days of the novena, we shall celebrate the Votive Mass of the Holy Spirit. We pray that He enlightens us in particular on the following points: 1 Is it good that two fathers go to the south of the lake to prepare the foundation for a new mission before knowing if new colleagues are coming? 2 In the case where two fathers would leave, would it be good to transfer our orphanage? 3 Given the present circumstances, as Monsignore ordered us to redeem as many children as possible, can we fully suspend the work of redemption without missing a serious obligation? 4 Did the violence that we tried to use against our children have had or promises any good results? 5 for fear of bringing these children to hate us and the religion that we teach them, should we, or even must we, just punish their sins against morality which we will see, and  only give specific advice or to take preventive measures in case of denunciations? 6 for the same reason, should we not be satisfied with punishing the faults which we will witness, with a light punishment? Then what could this punishment be? 7 Would it be advisable to replace three days a week, the catechism with sacred history? I request the Fathers, after praying and reflecting before God, to note their feelings and give their notes to the Council. If it happens by chance that our opinions are divided, we will accept with a good heart that our colleagues are right. This is the only way not to add to the evils which afflict us the greatest of evils: lack of unity and of fraternal charity.
Hostem repellas longius
Pacemque dones protinus
Ductore sic te proevio
Vitemus omne noxium.

Δ

Octobre, du 25 au 29 – pp.384-387

 

Mercredi 25 octobre

Wednesday, October 25th

Nous n’avons plus de doutes à avoir sur le motif qui poussait les Baganda à venir ici s’instruire de notre sainte religion, à demander le baptême les larmes aux yeux. C’était peut-être un peu pour faire le mal avec nos enfants ; mais c’était avant tout pour s’enrichir en nous volant. Grâce aux aveux providentiels d’un enfant, nous arrivons à constater d’une manière certaine que tous sans exception, néophytes et catéchumènes, sont venus pour nous voler. Autant de bandes, autant de sociétés de voleurs. Pour arriver plus facilement et plus sûrement à leur fin, ils ont su se gagner et s’assurer nos enfants en leur donnant quelques bagatelles et en pratiquant sur eux la sodomie. Les enfants ont des clefs au moyen desquelles ils entrent dans nos chambres à notre insu et nous enlèvent tout ce que leur désignent leurs complices. Benoît et Mariani que nous savons avoir des clés sont liés et roués de coups ; ils avouent, mais nous ne pouvons les amener à nous livrer leurs clés. L éon, d’après les conseils des néophytes a assuré aux enfants qu’il avait fait le mal avec nous. Il l’avoue et vient devant les enfants déclarer qu’il leur a menti. Probablement, nous n’avons pas encore le dernier mot de toute cette affaire ; cependant ce que nous savons déjà semble plus que suffisant pour nous démontrer l’impossibilité de la mission dans le Buganda.  We no longer have doubts on the reasons that drew the Baganda to come here to learn of our holy religion, and ask for baptism with tears. It was perhaps to a certain extend to do evil with our children; but it was primarily to enrich themselves by stealing. Thanks to the providential confession of a child, we can be sure now that all neophytes and catechumens, without any exception, came to rob us. As many of them, as many gangs of thieves. To make it easier and safer to reach their end, they were able to win the heart of our children by giving them some small presents and practicing sodomy on them. Children have the keys with which they enter our rooms without our knowledge and take everything requested by their accomplices. Benedict and Mariani, whom we know have keys, are tied and beaten up. They admit, but we cannot get them to surrender their keys. Leon, on the advice of neophytes, assured the children that he had done evil with us. He confesses and in front of the children declares that he lied. Probably we do not have the last word in this affair; however, what we already know seems more than enough to show us that of the mission in Buganda is impossible. 

Jeudi 26 octobre

Thursday, October 26th

Les enfants liés persistent à refuser de nous livrer leurs clés. Ils ne sont pas seuls à en avoir : presque tous en ont. Benoît avoue tout ce qu’il nous a volé et fait passer aux néophytes et aux catéchumènes ; cet enfant a abusé de notre confiance de la manière la plus indigne ; malheureusement, il n’est pas le seul. Il nous paraît évident que nous n’avons qu’un parti à prendre : partir d’ici.
Pour empêcher nos enfants de communiquer avec les gens du dehors, nous décidons d’engager notre ancien Kirangozi Ramici qui est ici. Je vais le trouver et l’engage pour six coudées par mois, plus 100 simbis de pocho par jour.

Children in bondage persist in refusing to give us their keys. They are the only ones having keys: almost all of them have. Benedict admits everything he has stolen and given to the neophytes and the catechumens; this child has abused our trust in the most shameful manner. Unfortunately, he is not the only one. It seems obvious to us that we are left with one thing to do: get away from here.

To prevent our children to communicate with people outside, we decided to hire our former Kirangozi, Ramici, who is around. I go to see him and hire him for six coudées per month, plus 100 Simbis of posho per day.

Vendredi 27 octobre 

Friday, October 27th

Aujourd’hui finit notre neuvaine ; nous nous réunissons en Conseil pour savoir ce que nous avons à faire dans la situation actuelle. Faut-il partir ? faut-il rester ? Nous sommes tous d’avis qu’il faut partir tous ; cependant une pareille décision étant d’une extrême gravité, nous hésitons à la prendre d’une manière définitive et nous convenons d’attendre encore un peu ; peut-être les doutes les incertitudes qui nous restent disparaîtront-ils ? Nous redoublons nos prières pour que le Bon Dieu achève de nous éclairer. Que son bon plaisir s’accomplisse parfaitement quoiqu’il puisse nous en coûter ! Dans la soirée, nouveaux détails qui enlèvent nos doutes. Nos enfants avouent que les catéchumènes ont presque tous des clés à l’aide desquelles ils se proposent une nuit de tout nous enlever et non seulement eux, mais nos deux voisins Gahonga et Lukomua. Pour mieux corrompre nos rachetés, nos deux voisins et les deux principaux de nos néophytes ont mis depuis longtemps à leur disposition des jeunes filles avec lesquelles tous les jours ils pouvaient aller se satisfaire. En attendant le grand coup, les enfants devaient chaque fois porter, soit étoffe, soit poudre, soit aiguilles, etc… Tout cela s’est fait avec une habileté infernale. Il est bien à craindre que tout cela ne vienne du Roi ; ce serait bien dans son genre. Quoiqu’il en soit, il est clair après cela que pour le moment, la mission est impossible dans le Buganda. Nous décidons de partir tous. Peu importent les dangers, les fatigues, etc. qui nous attendent ; peu importe ce qu’on laisse ici. Les raisons qui nous avaient fait patienter jusqu’ici ne subsistent plus. Nous croyons que notre devoir est de partir, nous partirons. Today our novena ends. We meet as a Council to decide what we should do in the current situation. Should we go? should you stay ? We all agree that all of us should go. As such a decision is extremely serious, we hesitate to take a final stand and we agree to wait a little longer; perhaps the doubts and uncertainties that remain will disappear? We redouble our prayers that God continues to enlighten us. His pleasure be fulfilled perfectly even though it may cost us! In the evening, new details remove our doubts. Our children admit that almost all catechumens have keys with which they propose to take away everything from us during a night. And not only them, but our two neighbors too, Gahonga and Lukomua. In order to corrupt more our redeemed,  our two neighbours and two of our main neophytes have long been making girls available to them, with whom every day they could go and satisfy themselves. While waiting for the big day, the children had to bring something every time, either fabric, or powder or needles, etc… All this was done with infernal skill. It is to be feared that all this comes from the King; it would resemble him. Nevertheless, it is clear from this that, for the time being, the mission is impossible in Buganda. We decide that all of us will leave. Whatever the dangers ahead, tiredness, etc..; whatever we leave here does not matter. The reasons why we had waited for so long no longer subsist. We believe it is our duty to leave, so we leave.

Samedi 28 octobre

Saturday, October 28th

Les enfants ne devaient pas seulement nous voler ; ils devaient une nuit nous tuer. Nalubandwa, Fuwuke, Damulira et les autres conspirateurs avaient organisé un kitangole parmi nos rachetés : Léon, Mwami, les autres avaient un grade selon leurs forces et leurs aptitudes. Chacun de nous avait un certain nombre d’enfants pour l’assassiner, tandis que les conspirateurs auraient été là pour surveiller et assurer l’exécution. Léon, forcé d’avouer, dit que cela fait, il devait obtenir un bukonzu. Nous soupçonnons de plus en plus le Roi. Après le déjeuner, les Pères Livinhac et Lourdel montent à la Cour pour annoncer notre départ et demander des barques. Le Roi et tous les Grands font les étonnés et semblent regretter que nous partions tous : « Qui nous donnera des remèdes ? » Cependant, malgré leurs soins, il est évident que tous sont dans la jubilation ; le Roi offre des souvenirs, les confrères lui demandent des lettres pour Saïd Bargash, pour le Consul français, pour Monsieur Graffulh. Le Roi donne pour mbaka un petit chef qui est envoyé à Sukuma chercher de la chaux. Déjà, il a réuni un certain nombre de barques. Le Roi veut que les choses aillent vite, comme s’il craignait que nous revenions sur notre décision.  Dans la soirée, le Père Livinhac et moi nous rendons chez messieurs les Anglais pour les prévenir et leur offrir une partie de nos valeurs. Ils ne peuvent nous promettre ; ils attendent prochainement leur caravane. Ils nous offrent de prendre en dépôt ce que nous ne pourrons emporter.Nous commençons une nouvelle neuvaine pour recommander notre départ et notre voyage.  The children were not only supposed to rob us on a certain night; they were also supposed to kill us. Nalubandwa, Fuwuke, Damulira and other conspirators had organized a kitangole among our redeemed. Leon, Mwami, some others had a rank according to their strengths and abilities. Each of us had been given a number of children to kill him, while the conspirators were there to monitor and ensure compliance. Leon, forced to confess, says that, when this would have been done, he would have got a bukonzu. We suspect the King even more. After lunch, the Fathers Livinhac and Lourdel go to the Court to announce our departure and ask for boats. The King and all the Great do seem surprised and regret that all of us were leaving: «Who will give us remedies?» However, despite their care, it is clear that all are in jubilation. The King presents us with souvenirs, our colleagues ask him for letters for Said Bargash, for the French Consul, for Mr. Graffulh. The King appoints as Mbaka a small chief that is sent to seek for lime in Sukuma. He has already gathered a number of boats. The King wants things to go quickly, as if afraid that we go back on our decision. In the evening, Father Livinhac and I are going to visit the British gentlemen to inform them and offer them a part of our valuables.  They cannot promise us; they expect their caravan soon. They offer us to deposit with them what we won’t be able to take along. We begin a new novena to recommend our departure and our trip. 

Dimanche 29 octobre

Sunday, October 29th

Nous avons enfin, ou du moins à peu près, le mot de l’énigme. Benoît nous avoue que le complot ourdi contre nous vient du Roi. Tout ce qui nous a été volé jusqu’ici est allé chez le Roi. Voilà bien Mutesa ! … C’est bien l’homme. Et il faut bien avouer qu’en toute cette affaire, il a été d’une habileté infernale et a eu des agents dignes de lui. Ne voulant pas avoir, soit par peur, soit par quelque autre motif, l’honneur devant le public de nous avoir volés et assassinés ; il a voulu faire le coup par nos esclaves et sans un concours de circonstances visiblement miraculeux, il y serait arrivé. Le danger en ce moment est très grand pour nous, nous ne devons pas nous le dissimuler ; néanmoins, nous avons la ferme confiance que le Bon Dieu nous tirera de ce mauvais pas. D’ailleurs, après tout, que Sa sainte volonté soit faite. Ne serait-ce pas pour nous personnellement la plus grande grâce que de donner notre vie pour notre chère mission. A la garde de Dieu et de la Bonne Mère.

Nous promettons chacun trente messes si nous pouvons regagner le sud du lac. A midi, conseil ; nous nous partageons les enfants pour le voyage afin de les mieux surveiller. Il importe beaucoup en ce moment qu’aucun d’eux ne s’échappe ; si le Roi savait que nous connaissons tout, c’en serait assez pour lui, pour le déterminer à nous faire massacrer. Ces pauvres enfants ont été sans doute bien coupables ; mais en examinant l’affaire, nous voyons qu’ils ne le sont pas autant qu’on pourrait croire ; ils ont été dupés voyant dans l’autorité du Roi une autorité supérieure à la nôtre, ils ont eu peur ; en même temps, ils ont vu en cédant dans ce complot un moyen de satisfaire leurs passions brutales et leur ambition. Ils sont plus à plaindre qu’à blâmer. Une fois le coup accompli, le Roi pour les récompenser les eût probablement fait tuer. Ils paraissent le comprendre et protestent tous qu’ils veulent nous suivre. Peut-être est-ce enfin le commencement de l’œuvre ? Quoiqu’il en soit, cela nous montre qu’un orphelinat ici est impossible. D’après Benoît, quoique le Roi soit le principe du complot, c’est à lui que nous devons d’être encore en ce monde. Plusieurs fois déjà, les principaux conspirateurs sont allés lui demander d’exécuter enfin leur projet. Il les a empêchés par peur, et leur a dit de se contenter pour le moment de nous faire voler, d’attendre que nos rachetés fussent plus grands.Dans la soirée, visite de messieurs les Anglais ; ils nous offrent de leur céder tout ce que nous n’emportons pas ; ils vont demander au Roi notre propriété pour les confères qu’ils attendent. Ils nous offrent plusieurs de leurs wangwana, nous acceptons. Nous leur offrons une légère collation et leur faisons cadeau d’une bonbonne. Ils nous témoignent beaucoup d’amabilité et de complaisance. Au soir, plusieurs de nos néophytes viennent pleurer et essayer de nous retenir. Qui ne les connaîtrait pas serait touché. Cependant, nous aimons à croire, et cela est plus que probable, qu’il y a parmi eux des âmes bien disposées ; mais nous ne pouvons pas rester davantage ici. Partir est le seul moyen qui nous reste de sauver la mission. 

Finally, we have, more or less, the last word of the puzzle. Benedict confesses that the plot against us originates from the King. All that was stolen so far went to the King. Typical of Mutesa! His very self. And we must admit that, in this affair, he proved infernally skilled and his agents are worth him. Not wanting to have publicly the honor for having robbed and murdered us, either out of fear or for some other reason, he preferred our slaves to do it; and but for a series of obviously miraculous circumstances, it would have happened. At the moment we are in a very big danger, let us not deceive ourselves. However, we firmly trust that God will get us out of this mess. Besides, after all, His Holy Will be done. Would not it be the greatest grace for us, personally, to give our lives for our dear mission? God and the Good Mother protect us.

Each of us promise thirty masses if we can reach the south of the lake. At noon we have a meeting ; we share the children for the trip in order to monitor them better. It is very important at this time that none of them escape ; if the King knew that we know everything, it would be enough to induce him to kill us. These poor children are probably very guilty. But considering the matter, we see that they are not as we might think; they were duped into seeing the King’s authority superior to our own authority, they were afraid. At the same time, they saw in the plot a way to satisfy their brutal passions and ambition. Once everything done, as a reward, the King would probably have killed them. They seem to understand and declare that they all want to follow us. Maybe this is finally the beginning of the action? Anyway, it shows that an orphanage here is impossible. According to Benedict, though the King is the initiator of the plot, it is thanks to him that we are still in this world. Several times already, the main conspirators went to ask for permission to execute their project. He prevented them because of fear, and told them to be satisfied with stealing us for the time being, and wait until our redeemed children get older. In the evening, visited by the English gentlemen; they suggest we give them what we will not carry away; they will ask the King for our land, for the colleagues they expect. They offer several of their wangwana, we accept. We give them some snacks and a demijohn as a gift. They prove very much friendly and kind. At night, several of our neophytes come crying and try to hold us back. Who would not know them would be moved. However, we like to believe, and it is very likely, that there are among them well-disposed souls; but we can not stay any longer here. Leaving is the only way left for us to save the mission.                                                                     

Δ

Fin octobre, 30 et 31 – pp.388 & 389

 

Lundi 30 octobre

Monday, October 30th

Nous apprenons que celui de nos chrétiens qui, hier soir, paraissait le plus affecté de notre départ, était dans le complot. Comme nous le disions hier, le Roi est le principe de ce complot ; cependant il pourrait se faire qu’il ne le fût que de manière indirecte. Le P. Lourdel va « Koukiker ».
Mr Flaherty au rukiko demande notre propriété. Sa Majesté accorde après avoir demandé à notre confrère s’il y consentait. M. Flaherty en revenant de la Cour dîne avec nous. Ces messieurs achèteront tout ce que nous allons laisser ; mais le vieux paraît avoir un peu oublié sa générosité d’hier ; elle a probablement disparu avec le vin blanc. Aujourd’hui, il paraît plus lui-même qu’hier. Quoiqu’il en soit, nous sommes heureux de cette occasion ; nous prendrons le moins de bagages possible ; quand même ces messieurs prendraient ce que nous laissons à un prix relativement minime, nous y gagnerons encore. Nous remettons au vieux la liste des diverses classes d’objets que nous laisserons ; il s’entendra avec M. Mackay et nous fera savoir leur décision relativement au prix. Nous commençons à founguer (faire les paquets). Gahonga vient demander un cadeau pour les barques. Nous lui donnons un debwani et un kitambu rouge ; quand il est dans la rue, il ordonne à son esclave de jeter tout. Ce sauvage n’est pas content. Le P. Lourdel va le trouver et arrange l’affaire.
Visite du Msibe.

We learn that one of our Christians who last night seemed most affected by our departure was in the plot. As we said yesterday, the King is the principle of this plot. However, may be  only indirectly. Fr.Lourdel goes for “Kukiking.”

At the rukiko Mr.Flaherty requests for our property. His Majesty grants it after asking our colleague for his consent. Returning from the Court Mr. Flaherty has diner with us. These gentlemen will buy whatever we leave; but they appear to have almost forgotten their generosity of yesterday. It probably disappeared with the white wine. Today, he looks more like himself than yesterday. Anyway, we are excited about this opportunity; we will take as few luggages as possible. Even if these gentlemen take what we leave at a relatively small price, it will still be a profit. We give to the old man the list of the various kinds of items that we are going to leave. He will discuss with Mr. Mackay and will let us know their decision about the price. We start to fungua ( to pack up). Gahonga comes and asks for a gift for the boats. We give him a debwani and red kitambu; when he is in the street, he orders his slave to throw everything away. This savage is not happy. Father Lourdel goes to him and settles the matter. Visited by the Msibe. 

Mardi 31 octobre 

Tuesday, October 31st

Nous continuons à faire nos paquets. Le P.Lourdel  va à la Cour.Il y en a qui disent que ce sont les Anglais qui nous font partir.Le ministre nous envoie deux chèvres. Dans la soirée, le P.Lourdel va lui porter un petit cadeau.

Nous craignons beaucoup d’être volés, nous veillons plus que jamais. Néophytes et catéchumènes viennent comme les jours précédents nous exprimer leurs regrets. Beaucoup voudraient nous suivre. Ils ressemblent tout à fait à ces bêtes féroces qui voyant leur proie leur échapper s’acharnent à sa poursuite.  Nous faisons venir Mohamidi pour arranger nos tentes. 

We continue packing up. Father Lourdel goes to the Court.Some people say that English men make us go. The Minister sends us two goats. In the evening, Fr.Lourdel goes to bring him a small gift. We are very afraid to be stolen; we keep more watch than ever. As in the previous days, neophytes and catechumens come to express their regrets. Many would like to follow us. They really look like the wild beasts which, seeing that their prey escape, try desperately to chase it. We call for Mohamidi to mend our tents. 

Δ

Novembre 1882

Mercredi 1er novembre

Wednesday, November 1st

(…) Les enfants avaient fait un pacte de sang avec Nalubandwa et Cie.(…) (…) The children had made a blood pact with Nalubandwa and Co.(…)

Samedi 4 novembre

Saturday, November 4th

[Lourdel et Amans vont poser la porte principale de la maison du roi.] [Lourdel and Amans go to fix the main door of the king’s house.]

Dimanche 5 novembre

Sunday, November 5th

[Léon et le petit Anselme sont confiés à Mulumba, un baptisé.] [Leon and young Anselm are entrusted to Mulumba, a baptized man. ]

Mardi 7 novembre

Tuesday, November 7th

(…) Beaucoup de catéchumènes voudraient nous suivre. Mais bien entendu, nous n’en acceptons aucun. (…) (…) Many catechumens would like to follow us. But of course, we do not accept any of them. (…)

Δ

 

 

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